De Badas, il n’y a que 80 nautiques pour rejoindre Lombok. 80 nautiques (pourraient) mais ne peuvent se parcourir de jour, trop d’obstacles sur l’eau. Nous avons du temps devant nous, Eric cherche donc deux mouillages pour deux nuits.

Le premier Pulau Kramat est superbe, derrière une île au milieu des bancs de sable.

Nous nous croyons tout seuls mais vers 17h arrive une floppée d’embarcations. Elles s’installent autour de nous …

ou sur la plage, mettent leurs filets en ordre et partent pêcher.

Les moteurs pétaradent, les projecteurs sont allumés, c’est un beau spectacle.

A 5 heures du matin, certaines sont à nouveau là.

Deuxième mouillage, Gili Lawang, île à l’Est de Lombok, nous sommes dans un chenal sud-nord  et le mouillage est un bassin cerné par une barrière de corail. De la place pour 3 voiliers.

Au matin, à marée haute.

Puis arrivée à Medana Bay, Lombok. Petites îles de la Sonde Orientale. Ile volcanique située entre les îles de Bali et de Sumbawa. 4739km2. A présent à majorité musulmane.

Histoire de Lombok. L’île fut le foyer d’un volcan géant, le Samalas, entré en éruption en 1257. La religion fin XVIème siècle est un mélange d’animisme, hindo-bouddhisme et islamisme.

Dans les années 1630, le roi de Gelgel mène des campagnes de conquête à Lombok et Sumbawa. Fin XVIIème siècle, des soldats bugis et makassar écument les mers et sévissent à Lombok.

1674, les Hollandais débarquent à Lombok, ils s’installent dans la partie orientale de l’île.

1740, Lombok soutient la campagne hollandaise contre les rois balinais.

Les Hollandais veulent aussi contrôler Lombok, ils interviennent sous prétexte  de mâter un soulèvement. Ils occuperont l’île de 1894 à 1942, début de l’occupation japonaise.

1994, le volcan Rinjani entre en éruption.

En 2018, plusieurs séismes frappent l’île.

L’agriculture est la principale ressource de l’île: Riz, café, maïs, coton et tabac. Le sud a conservé son authenticité, la partie ouest constitue la destination privilégiée des touristes. ( Azimuth Adventure Travel).

Les derniers nautiques sont parcourus par 26, 28 nœuds de vent. Dans le bassin, il y a de la place pour tout le monde et une fois dans la baie tout est calme.

Quelques pontons qui ne servent que de débarcadères pour les annexes et un ponton pour 2 monocoques, dont nous nous servirons pour dessaler Manevaï et charger les 36 x 19 litres d’eau.

L’eau courante n’étant pas potable en Indonésie, il faut donc faire livrer des bombonnes. Un petit restaurant, un hôtel, un chantier naval et la mosquée toute proche. Et les Iles Gili, un peu plus à l’ouest, paradis pour les plongeurs.

Une journée avec un guide, d’abord renouveler notre forfait téléphonique. Puis le Wild Life Park, parc pour la conservation des espèces et refuge. Notre guide est passionnant.

Une découverte de la côte jalonnée d’hôtels, (passage d’ourangs, passage d’hommes),

et la ville de Mataram pour quelques courses dans un hypermarché local. On circule avec difficulté entre les rayons très serrés mais le personnel se met en quatre pour nous aider.

La plage de Lombok marina.

Le soir, Begibung, dîner de partage sur les pelouses de la marina.

Quelques danseuses balinaises pour introduire la soirée,

les plats sont apportés par les cuisinières elles-mêmes. Le principe étant le partage, il n’y a que 3 parts de poulets, 3 parts de poissons, 3 fruits pour 4 personnes.

Et tout se mange avec la main droite, dommage pour les gauchers (!), dommage aussi pour la sauce qui reste dans les plats.

Le lendemain balade en vélo en fin d’après-midi. Malgré la circulation, nous réussissons à pédaler sur les bas-côtés, qui font office de pistes cyclables mais moins bien carrossées.

Je ne résiste pas à l’envie de photographier les bulbes de mosquées, peut-être un peu trop gros pour abriter le radar ?

Les personnes croisées nous arrêtent et posent des questions, nous essayons d’y répondre.

Voilà l’Indonésie que nous aimons. Nous revenons par la mosquée, la mélopée vient de démarrer, haut-parleurs au maximum. Après le muezzin, ou la bande enregistrée, c’est au tour des enfants de s’essayer à chanter. Nous qui avions cru à un karaoké ou à une bande magnétique à l’entrainement déficient, ce sont en fait des voix de jeunes garçons.

Appareillage pour Ahmed Bay.

Quelques voiliers y sont déjà et dansent et roulent. Impossible de s’approcher pour ne pas sentir les effets de la houle, la plage remonte très vite. Dans les guides il est écrit « tranquil little bay with a relaxed expat hippy vibe ». Une guirlande de restaurants très lumineux, de la musique à tous les étages, si je puis dire.

En revanche quel plaisir d’arriver ici et d’admirer les frêles embarcations parties pêcher à la voile, les Jukung.

Leur nombre nous a fait croire à une régate mais non, pas le temps de s’amuser ici, on pêche.

Ce mouillage sera encore plus difficile à supporter le lendemain pour les voiliers suivants.

Ahmed Bay au matin.

Ravis d’échapper à la houle, nous repartons plein ouest.

Lovina Bay, nord Bali. (Bali : l’île des Dieux). La plus petite province d’Indonésie, 4 millions d’habitants, elle abrite une grande communauté d’Hindous.

86% d’hindous, 10% de musulmans , 2,35% de chrétiens…

Histoire de Bali. Indépendante jusqu’au XIIIème siècle, elle est aux mains des rois de Java jusqu’au XVème siècle. L’expédition Magellan, 1519-1522, est supposée avoir aperçu l’île et les premières cartes espagnoles et portugaises la mentionnent sous différents noms Boly, Bale, Bally.

1585, un navire portugais s’échoue dans le sud de l’île, les 5 survivants entrent au service du roi de Gelgel, le Dalem, et reçoivent épouses et maisons.

1597, le Néerlandais Cornelis de Houtman arrive à Bali avec 89 survivants sur les 249 hommes embarqués, il baptise l’ile « Jeune Hollande ». Il rencontre le Dalem qui le met en contact avec l’un des Portugais, Pedro de Noronha.

Gelgel domine l’ensemble de Bali et a autorisé les Néerlandais à commercer librement. Bali exporte du coton, du riz, du bétail, de la volaille. L’ouverture du marché aux esclaves permet aux princes balinais de vendre leurs prisonniers. Puis la Compagnie abandonne progressivement le commerce aux marchands privés, principalement chinois, arabes, bugis (Sulawesi) et occasionnellement néerlandais qui échangent de l’opium contre des esclaves. Les princes de Bali vendent aussi leurs opposants, débiteurs, criminels, orphelins et  veuves. Les hommes de Bali sont réputés pour leur habileté manuelle et leur courage, les femmes pour leur beauté et leur talent artistique.

Durant une brève période, 1806-1815, les Pays-Bas deviennent une province française et Bali est ainsi en contact avec une administration franco-néerlandaise.

Au début du XIXème, Bali dépend encore essentiellement de l’exportation d’esclaves contre l’importation d’armes et d’opium. Sous prétexte de l’éradication de ce commerce, les Néerlandais affirment leur position de contrôle sur les royaumes balinais. 3 expéditions militaires ont lieu. Le roi de Buleleng et sa suite (400 personnes) se donnent la mort lors d’un suicide rituel collectif appelé Puputan.

Les occupants nomment un régent local et lui attachent un contrôleur. Réformes entreprises : vaccination, éradication de l’esclavage, amélioration du système d’irrigation, développement de la production de café, construction de routes, de ponts, et d’installations portuaires pour faciliter le commerce et la communication. Mais augmentation des impôts sur le revenu et taxes sur le commerce en particulier celui de l’opium.

En 1908, la mainmise des Néerlandais est totale après 2 interventions militaire successives et le Puputan des deux familles royales de Badung, puis de Klungkung. Le contrôle sur la religion et la culture reste aux mains des chefs traditionnels. En Occident, l’image de la puissance coloniale, bienveillante et responsable, est sérieusement affectée, la presse se faisant écho des exactions perpétrées. Les Néerlandais s’obligent à respecter les coutumes de l’île jusqu’à leur départ fin 2ème guerre mondiale. Ils se transforment alors en découvreurs et protecteurs de la culture balinaise. Ils font de l’île un musée vivant et en 1914, l’île est ouverte au tourisme.

1942-1945, l’Empire du Japon occupe les pays d’Asie du Sud-Est avec l’objectif déclaré de former une sphère de coprospérité de la grande Asie orientale. De futurs dirigeants comme Soekarno sont mis en avant. La capitulation japonaise en août 1945 entraine la proclamation de l’indépendance de l’Indonésie par Soekarno et Hatta. Suivie d’un retour des Néerlandais qui aimeraient récupérer leur colonie et réinstaller leur administration coloniale à Bali. Le peuple balinais se révolte, se bat pour garder un pays indépendant mais le bataillon capitule par un Puputan. Bataille de Marga.

Bali fait enfin partie de la République des Etats-Unis d’Indonésie lorsque les Pays-Bas reconnaissent, à l’issue de la Revolusi, l’indépendance indonésienne, 29 décembre 1949.

Puis différents partis politiques se créent, Parti communiste indonésien PKI, parti national indonésien PNI. Tensions, affrontements.

1965-1968, l’armée de terre dirigée par le général Soeharto organise une purge contre les communistes. Les estimations donnent entre 500 000   et 1 000 000 de personnes massacrées dont 80 000 à Bali, soit 5% de la population de l’île. Soeharto évince Soekarno et rétablit les relations avec les pays occidentaux.

Le tourisme est relancé à Bali. 

1963, l’éruption du volcan Agung oblige des milliers de Balinais à se déplacer.

L’attrait touristique de Bali contribue à un surdéveloppement et à une détérioration environnementale. Pollution et érosion des plages, pénuries d’eau…

2002, attentats par des militants islamiques tuant 202 personnes, principalement des étrangers. 2005, nouvel attentat.

A partir de 2008, le flux touristique est rétabli.

Manevaï a repris du sel, les 26 nœuds dans le nez ont eu raison du pont tout propre. Nous sommes fatigués et n’avons pas envie d’aller à terre.

Une ligne ininterrompue de restaurants, de lumières multicolores et de musiques. Trop touristique, beaucoup de chairs blanches exposées au soleil. Et puis trop de Français, allez d’accord, ils ont droit à leurs vacances. Je fais du racisme anti touristes.

Au matin près du mouillage.

Notre ravitaillement se fait chez Pepito, petit, mais tout y est choisi pour les Occidentaux. Chouette ! De la charcuterie et de la viande.

Petits temples dans les rues.

9 octobre. Nous partons en balade pour une journée avec un guide. Hum, nous avons l’espoir de trouver le Castorama local. Internet nous en positionne 2 mais internet n’est pas à jour, les 2 magasins ont fermé, victimes collatérales du Covid.

En route pour la balade. Le temple de Ulun Danu Beratan, posé sur l’eau d’un lac.

Puis les Banyumala Water Falls, surveillés par les singes,

le chemin pour y accéder serpente entre des caféiers en fleurs au parfum subtil…

…et des champs d’hortensias, il fait frais et humide, conditions idéales pour faire pousser cet hydrangea.

Il n’y a que 90 mètres de dénivelé. Les chutes d’eau sont superbes, quelques touristes se baignent dans les cuvettes.

Nous refusons l’offre de funambule, un vélo sur un fil pour survoler les plantations.

Tiens tiens tiens…

    

Une maison du café où il nous est proposé de goûter le café des déjections du Luwak.

Je m’explique : cet animal, qui dort le jour et grignote la nuit, apprécie beaucoup les fruits du caféier mais ces grains ressortent entiers après passage dans son estomac et dans ses tripes.

Donc un petit malin ayant la bosse du commerce a eu l’idée de torréfier ce café! Quel goût ? Un délice, mais chacun ses goûts, comme pour l’Arabica, le Robusta, le Geisha dirait Quentin…Un des musts de Panama.

Puis Air Panas Banjar (en indonésien eau se dit « air »), l’eau soufrée y est à 32 degrés, non merci cette attraction n’est pas pour nous. Un stop au-dessus des Twins Lakes.

Un restaurant pour touristes (malheureusement) au-dessus des terrasses de rizières.

Et pour finir le seul temple bouddhiste de l’île, le Brahma Vihara Ashram (aussi appelé le Little Borobudur), magnifique de sérénité où seul officie un moine birman.

Le soir à Lovina, essais de sono pour les cérémonies de bienvenue du lendemain. Feux d’artifice qui atterrissent sur les annexes.  A minuit cela semble terminé, non jusqu’à 2 heures les musiciens et chanteurs vont se succéder, le mât vibre avec les graves.

 

Nous avons décidé de prendre de l’avance, nous ne participons plus aux festivités. Nous n’avons pas encore dit aurevoir à nos amis.

Le matin du départ.

 

www.manevai.fr

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