Lutes, Maskalines. 17 octobre. 4 heures de navigation depuis Lamen Bay.

Nous sommes 3 voiliers mouillés dans la baie qui pourrait en contenir 5, pas plus. Nous voilà mouillés à côté de Moana et Manaia rencontrés brièvement à Port Vila.

L’arrivée.

L’entrée est bien dessinée sur les cartes, sinon impossible de se faufiler et de trouver le chenal entre les récifs, certains sont frangeants et la vague casse dessus, d’autres sont immergés et plus dangereux. Une fois à l’intérieur tout est calme, le vent peut souffler le plan d’eau bouge à peine.  Les ¾ de la baie sont entourés de mangrove, le quart à l’ouest est ouvert à la vue sur le Pacifique derrière le récif.  Nous attendons la pluie pour les prochains jours, dommage. Mais ce sera l’occasion de tester notre nouvelle gouttière à l’arrière du bimini.

Toujours un problème de moteur hors-bord. Eric a cru être débarrassé après avoir découvert une purée rose gélatineuse dans le carburateur mais les ratés persistent. 3ème démontage du carburateur, it works !

Josep est passé ce matin en canoé pirogue et nous a proposé des egg plants. Nous allons troquer ce soir des aubergines contre peut-être des tee-shirts ou du matériel de pêche. J’ai pu le prendre en photo avec son autorisation. Il a deux fils de 24 et 23 ans.

Lutes, Luttes, Loudes, tient son nom de la ville de Lourdes, première implantation par des missionnaires, Eric est rattrapé par son histoire, Jeanne Abadie était la meilleure amie de Bernadette Soubirous. Au village quelques maisons en parpaings et sols en béton plus toits en tôle ondulée mais majoritairement les maisons sont des cases dont les murs sont tressés en pandanus et les toits recouverts de palm tree.

Nous sommes allés à terre vers 16 h et avons été hélés par des enfants, des garçons accrochés dans un arbre s’amusant à plonger dans la lagune. Philip qui nous avait accueillis la veille dans son  prao, est venu à notre rencontre. Il nous  a servi de guide dans le village mais avant tout nous voulions voir le chef et le saluer. Et traditionnellement nous n’avons pu échapper au verre de bienvenue, au bol de Kava ! C’est tout bonnement dégoutant, excellent pour la santé ( et pour ma tourista aussi ?) mais on en vient à bout et de toutes façons il faut s’y faire car on remet ça demain. Nous avons fait un tour dans le village jusqu’aux écoles, primaire et  collège. Nous devrions rencontrer le professeur de français après-demain. Nous avons fait la connaissance du directeur de l’enseignement et du principal. Plus la prof d’anglais Cynthia.  J’ai bavardé avec un dame qui tressait une natte et si nous restons quelques jours, je lui demanderai de m’apprendre à tresser. (Les nattes sont ensuite vendues au marché de Port Vila).

Le village est propre, beaucoup de verdure plantée, jaune et verte. Il y a un semblant de rues ou chemins tracés entre les maisons. Pas de fenêtres bien sûr, pas de volets.

Restauration d’un toit.

L’école par contre est en dur avec toit en tôle ondulée bleue. Très peu d’électricité, quelques panneaux solaires, très peu de barcasses avec hors-bord. Il y a un potager pour tout le village avec tarots, ignames, bread fruit (uru en polynésie), butter fruit (avocat), choux, patates douces, ananas, bananes, salades…

Nous avons acheté une part de LapLap, gâteau de tarots coco et un gâteau à la banane. 40 vatus ( 35 centimes). Tout est cuit sur le feu dans des grosses gamelles, il n’y a pas de four, pas de cuisinière à gaz.

Très bon, nous en reprendrons, ne serait-ce que pour faire honneur aux deux charmantes cuisinières.

Manaia, est venu nous avertir que demain il y aurait en l’honneur des 3 équipages une danse Small Nambas. Super, avec autorisation de prendre des photos. Entre Small et Big Nambas nous aurons peut-être l’occasion de faire la différence un jour. Parce que quand même un Big est plus intéressant qu’un Small !

Nous avons assisté à la pêche locale. Sur une pirogue à balancier, deux hommes se mettent à l’eau, étalent le filet maintenu par le barreur de l’esquif et s’éloignent de la pirogue puis jettent des pierres qu’ils vont chercher au fond de l’eau pour faire peur aux poissons et les obliger à rentrer dans le filet. Nous avions assisté au même genre de pêche en Alaska qui consiste à encercler le poisson mais avec de moyens motorisés et l’eau n’était pas à la même température.

Ici pose d’un filet.

2eme jour  balade dans la mangrove.

Rendez-vous 9 h ce matin avec Philippe mais arrivés à terre après avoir salué tous les hommes qui attendent que la matinée passe, Philip nous demande de bien vouloir attendre jusqu’à 11 heures pour la marée haute. 15cm de plus pour passer dans la mangrove.

A 14 h rendez-vous avec les 2 autres voiliers pour des danses Small Nambas. Dans une petite clairière  les hommes arrivent,  ce sont d’abord les trépidations sur le sol que nous ressentons. Puis ils arrivent un peu courbés, les uns derrière les autres. Nus ou presque, le corps recouvert de terre, du feuillage ça et là et bien sûr ce fameux étui pénien qui leur vaut leur surnom. Nous n’avons pas posé de question sur le mode d’enfilage de l’étui.

3 ème jour. Ce matin devant une soixantaine d’élèves, étudiant le français nous avons parlé, en anglais, de ce  que nous faisions, pourquoi nous étions là, de ce que nous avions fait dans notre vie. Je devais parler d’art et je crois que j’ai eu la bonne idée de leur dire qu’ils étaient environnés par l’art de la nature. Une fenêtre ouverte étant un cadre et la nature le tableau. Ici taches bleues, vertes, mer, maisons, arbres, plus la lumière et l’ombre qui dessinent les contours. Nous espérons qu’ils ont compris notre anglais avec notre accent. Eux même apprennent le bislama, l’anglais plus un peu de français. Parce qu’ici on parle une autre langue que le bislama. Le professeur, Arsène, est étonnant, n’est jamais allé en France mais parle un français remarquable.

 Il est 19h30 nous rentrons d’un dîner entre Yachties organisé par notre guide Philip. Eric arrivé le premier sur le rivage n’a pu échapper au bol de Kava. Moi j’ai attendu les 2 autres couples et nous avons esquivé l’offre.

Nous étions peut-être un peu tôt au lieu de rendez-vous, 17 h, mais nous avions choisi de passer entre 2 averses. Nous avons découvert le Lavrisi yacht club,  joli petite hutte-abri-préau, nous avons été décorés d’un collier par Pamina la fille de Philip et sa nièce,  j’ai eu la chance d’en recevoir un de fleur de frangipanier.

Et après quelques photos nous sommes passés dans le dining-room très bien décoré mais avant sommes allés saluer les cuisinières dans leur cercle de feu. C’est une hutte ouverte dont les côtés sont protégés par des filets grillagés et sur le sol de quoi placer deux feux de bois. Elles étaient là discrètes, trois personnes peut-être, y avait-il l’épouse de Philip ? Il y avait sa tante que nous avions rencontrée le premier jour, elle tissait des nattes. Les femmes ici font du tressage qui est ensuite vendu à Port Vila.

Philip n’a pas voulu s’asseoir avec nous et nous étions 6 autour de la table. Karine avait préparé du pain, Rosetta une focaccia, et moi un gâteau aux amandes. Nous parlons français, anglais, le problème est que dans le couple Karine-Karl, seul Karl parle anglais donc Rosetta et Tomaso, Suisses passent de l’allemand, au français, à l’anglais …

Un délicieux dîner de poisson cuit dans du lait de coco et du riz, plus des rouleaux de feuilles farcis de purée de tarots peut-être. Une bouteille de vin et des bières apportés par nous-mêmes. Bien sûr nous avons payé notre repas, l’équivalent de 20€ par personne.

Le niveau des œufs diminue, la farine un peu car j’en suis à la deuxième fournée de pains et les petites coupures  s’envolent.

Pluie, génial! Et nos gouttières fonctionnent. Mais pour l’instant elles ne sont pas reliées directement aux caisses à eaux donc Eric sous la pluie va vider 3 jerricans et les replacent ensuite.

Un cata français est arrivé ce matin. Madame, est arrivée sur sa monture, l’annexe , bien faite, dans son deux pièces à la Jane, un piercing sur le nombril,  son Jules n’a pas l’air d’un Tarzan par contre, pour nous demander quelles étaient les coutumes ici. Nous l’avons renvoyée gentiment  vers les amis suisses qui connaissent mieux les deux villages de la baie que nous.

Aujourd’hui jeudi, Peskarus, nous devions aller au mariage de Johna (Eric l’avait aidé à faire fonctionner son GPS, Ok il fonctionne mais il lui manque quelque chose, il  n’y a pas de carte SD dedans) mais n’en avions aucune idée de l’heure. Les feux de cuisson ont commencé à 6h, nous apercevions de la fumée. A 7h30 les tambours se sont fait entendre. Nous ne savions pas quand nous présenter et nous sommes finalement restés à bord.

J’ai confectionné des petits bracelets pour les deux cousines qui nous ont servi le repas hier. Puis à 11h nous sommes allés dire un premier aurevoir à Philip en lui remettant un guidon du club nautique de Brest, un billet de 1000 Vatus, 8€,  pour être tous les deux membres à vie du Lavrisi Yacht Club. Nous aurions aimé bavarder un peu plus mais le couple à bord du cata s’est pointé, elle en short et débardeur, alors que toutes les femmes ici sont en robe ou pareu au-dessous du genoux. C’est à Port Vila que j’avais fait cette observation, pas de short, pas de pantalon mais des robes ou des jupes pour les filles. Les Vanuatais sont des gens très pudiques, c’est aux “Rambat” (blancs) de s’adapter….

Nous sommes rentrés un peu déçus en nous promettant d’y retourner l’après-midi avec une clé USB de photos pour sa pub sur Face Book. Mais a-t-il vraiment un ordinateur pour les consulter? Pourvu que cet endroit ne soit pas envahi par les voiliers. Pour l’économie du village c’est un plus mais il risque d’y perdre son âme.

En début d’après-midi,  ce sont les mariés avec les demoiselles d’honneur et les garçons qui sont venus à nous. La barcasse, la jaune qui a à présent un GPS qui fonctionne, a fait un tour dans la baie et est sortie pour se rendre sur l’ancien site disparu lors d’un tsunami, puis est revenue vers nous. Le marié en costume 3 pièces avec des gants blancs, la mariée en blanc avec des bordures aux manches dans le même tissu que les tenues de demoiselles d’honneur.

Dernière soirée, petite visite de Steward et de son fils Milman pour nous proposer un crabe de cocotier.

Yummy ! Ils y ont gagné une chemisette blanche d’uniforme pour Milman et nous, un délicieux dîner accompagné de mayonnaise board-made.

5 ème matin. Adieu les Maskalines, précédés des deux voiliers amis, nous quittons cet abri direction le nord-est.

Nous n’avons vu ni dugong, ni tortues.

www.manevai.fr

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