Dernière escale aux Etats Unis. 23 octobre 2017.

Notre arrivée de nuit est magique, la baie est immense. Nous contournons la Pointe Loma et sommes accueillis par les cris des otaries que nous ne voyons pas et qui nous semblent très nombreuses. Une multitude de feux sur l’eau qui se reflètent dans un miroir, des bateaux de toutes tailles, certains vraiment petits qui viennent relever leurs casiers marqués par des tubes au cyalume. L’arrivée au ponton des douanes nous semble loin, Eric suit le chenal, rouge à tribord, vert à bâbord.

Pare-battages à poste, aussières préparées nous sautons sur le ponton derrière les vedettes de police. Bien sûr vue l’heure tardive personne ne répond au téléphone. Mais nous avons la sensation d’être filmés et tant mieux nos intentions sont claires, nous voulons nous faire connaître.

Derrière ce ponton il y a peut-être une place pour notre première nuit. M… nous sommes juste accostés au « pump out station », là où les bateaux vident leur caisse à eaux noires. Encore une manœuvre en marche arrière et nous nous glissons derrière un voilier dont le skipper vient nous aider. Nous pouvons dîner. Mais quels sont ces cris ? Ceux du pêcheur qui rentre de sa relève de casiers à homards et qui réclame sa place. Oh non, il va falloir encore bouger. Marc-François et moi terminons la vaisselle discrètement et Eric palabre, ouf nous allons pouvoir rester jusqu’à demain 17h et la barcasse métallique vient juste se faufiler entre notre jupe et le ponton d’accueil. Nous voyons monter les seaux remplis de homards, sans oser demander si …

Mardi. La baie de San Diego est couverte de marinas mais avec les préparatifs du « Rallye de la Baja Ha Ha » il n’y a pas beaucoup d’espace pour les visiteurs. Philippe va participer au rallye à bord de Untangled.

Par téléphone Eric entreprend un parcours du combattant et nous trouve un asile pour deux nuits dans un joli Yacht Club privé « South Western Yacht Club » grâce à notre appartenance à un club en France. Il leur faut seulement une preuve.  Vive Internet et l’imprimante, les courriers d’échange avec le CNMB ont été retrouvés. Et nous venons nous mettre juste derrière un joli petit voilier d’Alaska qui descend avec la « Baja Ha Ha ».

Mais avant de quitter la première marina nous sommes allés faire connaissance avec Cathy et Charlie à bord de « Celebrate »,  un 17m qui vient de faire le passage du Nord-Ouest et qui s’apprête à rentrer par Panama dans la Maine, at home ! Pendant ce temps-là quelques Mexicains continuent de laver, astiquer les œuvres mortes du voilier.

Au Southern Western Yacht Club, Franck, membre du club, vient gentiment nous proposer de nous emmener le lendemain faire des courses. Ok pour le retour Franck mais nous ne vous ferons pas attendre et nous irons à pied jusqu’au supermarché. L’après-midi premier tour à Downtown c’est assez loin, pas de bus donc taxi. Nous serons ainsi véhiculés tour à tour par un Afghan, un Brésilien, un Ouzbek qui nous racontent leur histoire avec enthousiasme même si la fuite de leur pays est la conséquence de drames. Nous quittons le quartier résidentiel de La Playa, longeons la baie sur quelques kms, l’aéroport est à notre gauche, les marinas se succèdent à droite, puis l’USS Midway et le musée maritime. Ça y est nous sommes en ville. Quartier de Gaslamp.

Quartier très agréable, jolies boutiques, les bars déjà occupés. La nuit arrive vite, restons-nous dîner ou rentrons-nous ? Raisonnable de rentrer dîner rapidement et de se brancher sur le réseau wifi de la marina pour recevoir des nouvelles.

 

Il semblerait que je ne sois pas la seule à apprécier les vernis à ongles de couleurs!

Cette vitrine là, nous n’avons jamais osé la faire mais c’est bientôt “El dia de los muertos”.

Nous sommes sur la terrasse du club, le gardien vient nous saluer si nous avons besoin de quelque chose…nous n’osons plaisanter en lui demandant un café. D’ailleurs nous aurions pu à la méthode américaine apporter notre grand verre ou notre thermos et nous asseoir là.

Mercredi. Courses le matin après être passés chez les shipchandlers et Franck nous appelle il lui faut 10mn pour nous rejoindre. Avec nous il cherche une solution pour rester une nuit de plus et nous emmène dans quelques marinas. Peine perdue. Il faudra quitter le ponton demain matin au plus tôt. Non il a trouvé, nous pourrons nous mettre à couple d’un trimaran en restauration, ouf.

L’après-midi Balboa Park, un régal. Nous entrons par le portail de l’ancienne mission et découvrons les bâtiments style espagnol, les jardins. Un des plus anciens sites du pays, lieu d’expositions comme la Panama California en 1915 et la California Pacific International en 1935. Nous n’avons pas eu le temps d’aller au zoo mais avons apprécié le jardin botanique.

 

Le musée Timken qui n’est pas de la même facture mais qui nous présente de très belles peintures, de quoi nous consoler du Moma de San Francisco.

 

XIXème siècle, Henry Timken né en Allemagne arrive enfant aux Etats-Unis, il est l’exemple de la réussite de l’entrepreneur américain, un immigrant qui construit sa fortune sur le travail et les innovations. Sa première usine de voitures est basée à St Louis. Il est connu comme l’inventeur des Timken Roller Bearing, les roulements à billes. Il s’établit à San Diego dans les années 1887. Le musée Timken a ouvert en 1965 et expose la collection de la famille Putnam. Walter Ames, qui aida les sœurs Amy et Anne Putnam dans la création d’une fondation, en fut le premier conservateur.

Et puis sur les conseils de Christian et Gaëlle qui ont vécu 3 ans à San Diego nous partons pour Old Town sans oublier de passer devant la maison Timken coincée entre deux édifices.

Ce quartier commémore les premiers jours de la ville de San Diego et comprend plusieurs bâtiments historiques de la période 1820 à 1870. Les périodes mexicaines et américaines. Jusqu’à ce que le village perde sa position pour une implantation plus près de la côte. Toutes les importations devaient être transportées sur plusieurs kms de la Pointe Loma par le sentier de La Playa jusqu’à Old Town.

On s’attend à tout moment à voir Zorro sortir à cheval des maisons du pueblo.

 

Et c’est déjà la fête « del dia de los muertos », la Toussaint n’est pas loin. C’est amusant, il faut seulement accepter que tous les visages soient grimés en tête de mort et les corps affublés de costumes extravagants.”Es el dia de los muertos “.

Jeudi. Nous sommes retournés en ville vers midi aujourd’hui après avoir lavé la capote, fait le plein d’eau, Et comme nous allions à pied du Yacht club aux shipchandlers nous avons été hélés par notre ami Frank dans son nouveau home, un appartement au 5ème étage d’un immeuble rond nommé “le Rondelet”, piscine commune, salle de sports et salle pour les parties. Avec Nora son épouse ils emménagent demain. L’âge venant ils ont préféré vendre leur maison et ont trouvé un appartement avec vue sur le yacht club et leur bateau.

Ensuite taxi pour la ville, les distances sont grandes à parcourir, pas de bus ou très peu. Nous n’avions plus le temps de visiter le Midway et avons déambulé pour le fun. Retour à la marina où Eric a déposé une bouteille de vin à la réception du club pour remercier Frank de nous avoir trouvé la place à couple du trimaran pour quelques heures et bavardé avec une personne, épouse d’officier de marine et qui a rejoint son mari l’année dernière à Brest pour une escale je crois.

Effectivement comme annoncé par la marina notre place au ponton a vite été occupée par un autre voilier se préparant au Rallye. Nous arrivons à temps au quai de la Border Protection pour les formalités douanières de sortie, juste à temps. A 16H30 les douaniers ne se déplacent plus, ils ont fini leur service.

“San Diego était belle, baignée d’une lumière rose et orangée qui rappelait la proximité du Mexique”.(” la fille de papier” de G. Musso).

Bye bye San Diego…

Un peu d’histoire :

Avant 1542. La population indienne était installée dans la région, bougeant au gré des zones de chasse et toujours à la recherche d’eau potable.

  1. L’explorateur Juan Rodriguez Cabrillo navigue le long de la côte ouest cherchant un chemin direct entre l’Orient et le passage du Nord-Ouest. Il mouille dans la baie qu’il baptise San Miguel et en prend possession au nom du roi d’Espagne.
  2. Sebastian Vizcaino renomme la baie San Diego.
  3. . Craignant la colonisation par les Russes et les Anglais San Diego devient la ville souche de la Californie où le roi d’Espagne envoie des hommes pour établir une mission : San Diego de Alcalá. Ce sera la première colonie européenne sur la côte ouest des Etats Unis.
  4. L’Espagne cède le contrôle de la Haute Californie.

-1850. Une poignée d’étrangers arrivant de France, de Russie, d’Angleterre et des Etats Unis débarque et rejoint les fermiers mexicains pour établir des comptoirs de commerce.

  1. Convaincus de leurs droits pour contrôler les terres à l’ouest et au sud de leurs frontières les USA déclarent la guerre au Mexique.
  2. La Californie est acceptée comme le 31ème Etat. La population de la ville est de 650 habitants mais ces chiffres ne tiennent pas compte des Natives vivant autour.
  3. Reconnaissant l’opportunité commerciale offerte par la baie, l’entrepreneur Alonzo Horton achète la terre et construit une nouvelle ville plus proche des navires qui transportent les populations et les marchandises.
  1. Gold Rush. Plus de 2 millions de dollars d’or sont extraits d’une seule mine toute proche
    1.  Espérant attirer l’attention sur le sort des Indiens Helen Hunt Jackson publie un roman « Ramona ». Ses écrits lui apportent beaucoup de sympathie auprès des lecteurs alors qu’Harriet Beecher Stowe publie « La case de l’oncle Tom ».
    2. L’arrivée de la California Southern Railroad entraîne une spéculation sur les terrains connue comme le « Great Boom of the Eighties ». De 1880 à 1885 la population passe de 2637 à 40000 personnes.

1890. Le port se développe avec la création de quais pour la navigation à voile et à vapeur qui apporte le bois, le fer, le ciment, le charbon pour la ville en construction. Avec bien sûr les produits frais comme les fruits et les produits laitiers.

  1. Ouverture de la première école pour les Indiens, 50 enfants sont scolarisés.
  2. Un réseau hydraulique en bois est construit pour fournir la ville en eau de différentes sources éloignées.

1920. Une base militaire s’installe dans la baie. La marine développe une station radio et un dépôt de charbon.

  1. Une période de sécheresse et les réservoirs bientôt vides, la ville décide de louer les services d’un « faiseur de pluie » Charles Hatfield. Des pluies diluviennes emplissent les réservoirs, détruisent les fermes, les emplois et deux barrages. Ce fut le « Hatfield Flood ».
  2. Charles Lindbergh et son avion « le Spirit of st Louis » accomplissent le premier vol en solo d’un engin plus lourd que l’air au-dessus de l’Océan Atlantique. Ce vol historique a débuté à San Diego où l’avion a été construit.1941-1945. Le rôle de San Diego dans la construction d’avions et comme base navale attire 1500 personnes par semaine d’où une augmentation de la population qui passe de 200 000 à 362 000 personnes. Les nouveaux arrivants sont logés dans de vieux bus ou trolleys désaffectés.

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