Belitung.
Au XVII-ème siècle, les contours de l’île sur les cartes européennes sont encore très flous. Or les céramiques découvertes en 1998 dans une épave de navire arabe attestent qu’au IXème siècle déjà le commerce empruntait cette route entre Belitung et Bangka, détroit de Gaspar. Ces deux îles étaient réputées pour le poivre et l’étain.
Belitung passe des mains du Sultan aux Anglais en 1812. Qui la cèdent à leur tour aux Néerlandais par le traité de Londres de 1824. L’exploitation de l’étain commence en 1852. Arrive une main d’œuvre chinoise toujours bien implantée. (Wikipedia). L’Indonésie détient 17% des réserves mondiales d’étain, 2ème place après la Chine. Or 91% de ces réserves sont situées à Bangka (qui signifie étain en sanskrit), un peu plus nord et à Belitung.
Nous y arrivons dans l’après-midi, dans la baie à l’ouest de Pulau Kelayang, quelques voiliers rencontrés à Bawean sont déjà mouillés. Roundabout qui nous a aidés en nous remorquant lors de notre pépin, Salt et Vagabond. Le plan d’eau est extraordinaire, l’eau est cristalline, enfin on peut mouiller dans 5/6 mètres. De gros blocs arrondis de granite gris-blanc entourent les deux baies. (Ils ont entre 208 et 245 millions d’années !). Les formes arrondies que nous voyons ne sont que la partie émergée de toute une ceinture de la côte ouest de l’Indonésie à la péninsule malaise.
Retour de pêche aux poulpes.
Vivement le premier bain. Mais avant nous devons faire enregistrer nos téléphones. Après 3 mois sur le territoire, l’État indonésien demande que les téléphones restent sous contrôle et il nous faut les présenter dans une agence. Avec Starlight, voilier australien, nous sommes emmenés par Irpan, le correspondant du Rallye, jusqu’à la ville de Tanjung Pandan, 40mn en voiture quand même.
90 minutes pour régler nos formalités, quelques courses dont la recherche d’un alternateur et retour à bord. Nous déjeunons d’un nasi goreng acheté juste sur la plage, il est 15h. La plage est bordée de petits restaurants « les pieds dans l’eau » ( à marée haute les pieds des bancs et des tables sont dans l’eau), le covid a tué la plupart de ces petits restaurants mais deux sont toujours actifs pour le plus grand plaisir de nos papilles.
Chasse aux vers qui rongent la coque en bois.
Le problème des crocodiles: 35 personnes sont mortes cette année d’attaques de crocodiles à cause de l’étain. Pendant la colonisation des Hollandais, 83% de l’étain inondait le marché d’Amsterdam. Pendant les années Suharto, 1967 à 1998, l’extraction massive s’est poursuivie mais elle était le monopole de grandes sociétés qui se limitaient à certaines zones. Depuis la “Reformasi” en 1998, les conditions sont devenues anarchiques, les insulaires n’ont plus peur de rien et entrent dans le territoire des crocodiles qui les guettent dans les eaux troubles. Les règles et les lois coutumières sont violées, et cela touche les rivières, la zone de conservation de l’eau et même les cimetières dont certains ont été creusés à la recherche d’étain. 1 million d’ha est exploité par des entreprises légales ou clandestines alors que ces deux îles couvrent 1,6 million d’ha.
Belitung est plutôt propre, il n’y a pas d’industries, la population est attentive à la propreté des maisons et des alentours. Malheureusement il reste beaucoup à faire, il n’y a pas de programme gouvernemental de ramassage et de tri, la majorité des habitants brûle ses poubelles. Grands problèmes écologiques à cause des nombreuses mines d’étain et de sable et du trop grand nombre de plantations de palmiers à l’huile. (Gobelitung.com).
Les voiliers du rallye arrivent peu à peu, ils ont le temps devant eux, les festivités commencent dans quelques jours. Certains vont rester plus longtemps dans ce petit paradis qui offre snorkeling, plongée, farniente, what else ?
Crédit photo: Paul de Somerset.
Nous, nous devons avancer et au bout de 3 jours nous reprenons la route. Un problème de plus à régler: En plongeant sous la coque de Manevaï, je me suis rendue compte que la plaque du propulseur d’étrave n’était plus tout à fait jointive. Comment va-t-elle se comporter pendant la navigation ? La liste des pépins s’allonge, nous avons aussi un problème sur chaque alternateur. Vivement le chantier de Phuket.
Pour l’instant, cap au nord. Entre Belitung et Benan nous passons l’Équateur sous spi, sans vent.
Dès que la ligne est passée, nous lançons le quartier maitre Perkins. Nous sommes revenus dans l’hémisphère nord. “Adieu le sud , c’était pourtant bien, on aurait pu y vivre encore quelques années ♫”.
Benan, arrivés de nuit, c’est une escale prévue par le rallye. Notre sonde de gazole vient de se débloquer et annonce 40 litres, inquiétant car nous ne naviguons plus qu’au moteur. Au matin, Eric interpelle le conducteur du bus boat scolaire « Dex Dex » pour Dexlite. Notre petit vieux, souriant de ses 2 dents restantes, revient à vide de son chargement d’élèves et se propose d’emmener Eric à terre.
Ce ne sera pas du Dexlite mais du Solar. Comme nous avons un vieux moteur, nous pensons qu’il supportera ce gazole de qualité inférieure, donc seulement 20 litres. Le bidon est dans la maison protégé par un couvercle, notre sauveur plonge une écope dedans et remplit le jerrican. Eric revient en regrettant que nous n’ayons pas le temps de nous promener à terre, en fait sur les pilotis, toutes les premières maisons sont construites sur l’eau.
L’île de Benan est magnifique, vierge de resorts, hôtels en tout genre, plages de sable blond, cocotiers. Beaucoup de traquenards pour ceux qui arrivent de nuit et ne connaissent pas.
Rien n’est éclairé et nous longeons des viviers à poissons, huttes sur pilotis, des nasses, des pièges à poissons. Le plan d’eau est un miroir, quelques pirogues sont bien sûr déjà en pêche.
Piège à poissons.
Située sur l’île de Bintan. Capitale de la province indonésienne des îles Riau. 227 663 habitants en 2020. Au XIIème siècle était connue sous le nom de l’île des pirates. En 1511, le sultan Mahmud Shah établit sa capitale sur l’île de Bintan pour fuir les Portugais installés à Malacca. La ville est ensuite passée aux mains des Néerlandais, Anglais et Japonais. 1526, les Portugais rasent Bintan.
Il n’y a pas beaucoup de fond à l’arrivée dans le fleuve, la Bintan River.
A gauche l’île de Penyengat, ancienne capitale, où sont situés le palais et les tombes royales des anciens souverains dont celle de Raja Ali Haji, auteur du premier livre de grammaire malaise. La vieille mosquée Mesjid Raya est toujours en activité, toute de jaune vêtue elle se détache bien sur le rivage. Les nombreux ferries relient la ville à l’île voisine de Batam, à Johor Bahru en Malaisie et à Singapour.
Oui, nous sommes à présent tout proches de Singapour. Beaucoup de communautés ethniques différentes Malais, Bugis (Sulawesi), Javanais, Bandar ( Brunei), Sumatranais. Le commerce est principalement aux mains des Chinois. 45% de la population de Tanjung Pinang est chinoise, originaire de Malaisie. C’est une ville active desservie par un port très fréquenté.
Nous y sommes pour 2 nuits, le temps de faire un tout petit complément de gazole. Eric juché à l’arrière d’un scooter, un jerrican sur les genoux va traverser la ville à la recherche de Dexlite. Nous nous approvisionnons en aubergines, citrons, citrons verts difficiles à trouver ceux-là, beignets. Eric est tenté par un groupe électrogène, 150€, mais le format ne nous convient pas.
Les commerces.
Ravitaillement en eau.
Tentés?
J’essaierais bien quelques épices…
Textiles.
Nous prenons le temps de nous balader aussi dans la partie plus occidentale de la ville, boutiques plus grandes, plus éclairées. Une foire ou un grand marché se prépare pour la soirée.
Le lendemain, dernière escale en Indonésie, Nongsa Point. Marina très agréable, lave-linge, sèche-linge gratuits, piscine accessible à tous. Un régal.
Mais rien à découvrir aux alentours. La presqu’ile de Batam est en travaux. Située en face de Singapour, elle s’apprête à accueillir les Singapouriens en mal de verdure ! Pour l’instant c’est de la terre rouge qui est remuée avec la création d’une 4 voies. En taxi nous nous rendons au supermarché conseillé par toute la marina. (SNL : Succès commercial durable).
C’est petit mais il y a un très bon choix, jusqu’à du magret de canard congelé.
Voilà, pour nous c’est la fin de 3 mois exceptionnels en Indonésie. Il nous reste des souvenirs plein la tête, des photos et les liens WhatsApp de tous ceux que nous avons rencontrés.
Nous allons embouquer le détroit de Singapour et filer vers la Malaisie. Puis poursuivre jusqu’à Phuket pour y laisser Manevaï, le temps des vacances de Noël.
www.manevai.fr