Capitale de Santo, deuxième grande ville du Vanuatu. Du nom du Capitaine de Corvette Armand Lugan, marin breton commandant du Tanaïs en 1870.

Ville marquée par la Deuxième Guerre Mondiale. Ici, les Américains se sont installés en 1942, appréhendant une attaque japonaise. Bien sûr, pour les Néo-Hébridais, ce fut une manne : du travail, de l’argent, des infrastructures… Une base militaire, un port et un aéroport furent construits.

Arrivée par le nord-est.

Au départ des Américains, le matériel militaire, chars, jeeps, fusils, vêtements… jusqu’aux bouteilles de coca, fut proposé à la vente au gouvernement Franco-Anglais, à 6% de sa valeur. Faute d’accord de leur part, il fut détruit et jeté à la mer en 2 jours par des bulldozers qui, eux aussi, finirent à l’eau. L’eau fut contaminée par le gazole, le caoutchouc, les métaux. Le lieu porte le nom de Million Dollars Point. Les Hébridais tentèrent de récupérer le maximum d’objets. On peut encore voir des pièces gisant à marée basse sur la grève et en profondeur, des jeeps, des camions…

Non loin de là, le site du naufrage du SS Président Coolidge fait le bonheur des plongeurs. Un paquebot de luxe réquisitionné par l’armée américaine qui sauta sur les mines alliées dans le chenal d’accès à Luganville.

Le commandant Nelson tenta d’échouer son navire sur le récif corallien tout proche.

Il transportait plus de 5000 G.I., du matériel médical (entre autre tout le stock de quinine prévu pour l’armée américaine dans le Pacifique, soient 250 000 doses) et du matériel militaire. Le Coolidge vint se poser sur le récif et les hommes purent descendre le long de la coque, mais la pente était telle qu’il sombra en glissant. À déplorer : 2 ou 5 morts suivant les sources et tous ceux tués au combat, faute de ce matériel qui leur était destiné. L’épave se trouve à présent entre 20 m et 80 m de profondeur.

Luganville a été la capitale économique jusqu’à l’indépendance en 1980. Et l’éphémère capitale de la République proclamée par Jimmy Stevens. Elle vivait de la vente du coprah et du bois. Comme partout : la quasi-totalité des commerces sont tenus par des Chinois.

Dimanche après-midi, 21 novembre, nous mouillons derrière un paquebot, le Pacific Princess, dans la zone de quarantaine.

Aurons-nous notre revanche sur les douaniers rencontrés à Ureparapara ? Ils ont dû rentrer de leur “croisière” sur le Soleal.

Beaucoup de jeunes sont dans l’eau.

Je bavarde avec Esther qui pêche de sa pirogue, de jolis petits poissons d’aquarium qui serviront de friture pour le dîner. Pourtant, Esther a un travail, elle s’occupe d’une personne âgée, 5 jours par semaine.

Le Smic est à 23 000 Vatus. 200 Euros environ.

Lundi, nous attaquons les formalités. Les services administratifs du pays sont privés d’Internet depuis 3 mois. Comment font-ils pour renouveler des passeports, obtenir des visas, déclarer une naissance, un décès ? Nous n’avons pas eu le temps d’approfondir. Les bâtiments des différents services :  immigration, phyto et douane ne sont pas regroupés en un même lieu, heureusement, il y a des taxis, minibus ou pas. Et comme la Coupe du monde au Qatar a débuté, c’est une explosion de drapeaux des pays concernés, à terre et sur les voitures. La France est bien représentée, elle a ses supporters.

Formalités terminées à midi après le passage du service phytosanitaire à bord. Dommage, nous n’avons pas retrouvé notre trio imbu de son pouvoir de petit fonctionnaire.

Nous avons déjà arpenté deux fois la rue principale de la ville, beaucoup de rues adjacentes portent des noms français : Lapérouse, Dumont D’Urville, D’Entrecasteaux, De Gaulle…

Changement de mouillage, qui sera plus abrité, au sud de la ville, devant le Water Front Resort. Deux voiliers, un Allemand et un Français que nous connaissons un peu depuis les Tonga.

Un cata canadien avec skipper, heureusement celui-ci ne reste qu’une nuit. Aucune culture de la part du père, un vrai BOF, ne reconnaissant pas le pavillon français, très fier au volant de son annexe, arborant son ventre tel un bulbe sonar, un peu gêné quand même par le volant. Nous plaignons le skipper, mais après tout, il est payé pour.

À Luganville, il n’y a qu’une rue principale et toute la vie économique se situe là. Le marché ouvert toute la journée, tabac, fruits, légumes, artisanat…

Le boucher (la viande au Vanuatu est délicieuse et very cheap), les banques, surtout ne pas choisir une Néozed, la boulangerie française.

Le petit musée de la Seconde Guerre Mondiale en ce moment consacré au naufrage du SS Président Coolidge. 80 ans.

Nous y sommes accueillis par Marina et échangeons sur l’exposition elle-même, l’histoire des Nouvelles Hébrides et l’avenir du Vanuatu. Son souhait : empêcher les Chinois de faire main basse sur son pays.

3 demi-lunes transformées en entrepôts.

Nous louons une voiture pour remonter dans le nord et nous arrêter en chemin au Million Dollar Point,

puis sur le lieu du SS Président Coolidge. Plus loin, pour louer des canoës à Turtle Bay en vue de découvrir le Blue Hole.

 

La route pour nous rendre à Champagne Beach, autre attraction, est tellement crevassée que je demande à Eric de faire demi-tour. Nous arrivons à temps pour déguster les crabes de cocotiers au restaurant Chez Louis, au sud de Port Olry. Et nous vous recommandons l’adresse.

Une usine chinoise d’exploitation du fruit, le noni, est installée au nord de Luganville.

Le noni est un fruit aux multiples vertus selon les croyances et usages locaux. Utilisé en usage externe : blessures, inflammations… et usage interne : rhumatismes, arthrite, diarrhée… Nous aurions dû lire cela plus tôt, nos « blessures » auraient cicatrisé plus vite.

26 novembre, nous descendons le chenal et arrivons sous la bruine à Port Lautour.

Plus exactement à Ratua Island.

Joli mouillage au nom bien français. Un bassin derrière une barrière de corail et des tortues. Nous sommes à 5 nautiques de Luganville que nous avons quitté sous la grisaille, accompagnés d’un petit crachin. Trouver le contre-courant pour ne pas consommer trop de gazole. Et nous arrivons sous le soleil dans le bassin. Un Resort devant nous et bientôt des tortues, difficiles à prendre en photo. Nous les entendons souffler dès qu’elles mettent la tête hors de l’eau, le temps d’ajuster l’objectif, il n’y a plus que des cercles à la surface, elles ont déjà plongé.

 

Nous sommes mouillés devant l’hôtel et de l’autre côté bénéficions des chants de l’Adventist Academy depuis hier soir vendredi, le temple n’est pas loin sur la colline. C’est le sabbat.

En annexe, nous faisons le tour de l’ile Ratua, les tortues s’enfuient devant nous, mais ne sortent pas la tête. Les fonds coralliens sont assez beaux, l’eau est très claire. Quelques bateaux échoués victimes du dernier cyclone, Pam en 2015 ou un autre ? Le moteur de l’annexe est toujours capricieux, Eric démonte et nettoie le carburateur pour la n-ième fois.

Le soir dîner au Resort, c’est ma fête et j’apprécie cette gentille attention. Lia, la propriétaire néozélandaise nous accueille, et va s’enquérir en cuisine, nous n’avions pas réservé. Il n’y a qu’un couple client pour la semaine.

Dîner délicieux servi par Nadège qui parle français, elle est originaire de Vao, la partie française du nord du Vanuatu. Addition douloureuse, encore un mauvais point pour les Néozed. Même au restaurant ” le M ” à Brest, nous n’aurions pas eu cette facture à régler. Remarquez, on aurait pu demander le prix avant. Et nous serions « retournés pleins d’usage et raison » manger notre moussaka préparée la veille à bord. Sur Face-Book, je ne me suis pas gênée pour donner mon avis sur ce restaurant.

Nous avons entendu le dugong, mais ne l’avons pas encore vu.

26 novembre, appareillage vers 10 h 30. Il faut profiter du courant dans le chenal pour sortir. Notre vitesse va monter jusqu’à 9 nœuds dans Malo Passage, éviter le Guichen Reef.

Nous passons la pointe Avunaro et sommes pris dans un courant contraire de 2 nœuds avec une mer assez courte. On s’écarte pour récupérer une vitesse digne de ce nom.

L’orage est dans notre ouest, semble s’éloigner de l’ile Malo. Les roulements de tonnerre et les éclairs nous accompagnent

On revient à la route, on tangonne. Puis, on détangonne et on empanne. Nous sommes sous le grain. Cette pluie va aider à remplir nos caisses à eau et va nous accompagner jusqu’au mouillage de Vao.

 

2 réponses pour “Luganville. Ratua. Ile d’Espiritu Santo. Vanuatu.”

  • incroyable ce voyage!!! nous avons habité à Pouébo, Nouvelle Calédonie, 2 ans durant (1995! )
    L’occasion de visiter Le Vanuatu! A l’époque les tribus étaient en habits traditionnels, il n’y avait qu’un médecin Canadien pour toutes les iles, il était débordé!! Il n’y avait aucun chinois, quelques Australiens qui voulaient investir cette terre sauvage ou la langue est un franco anglais (bislama)
    j’ai bu le Kawa Maché par le vieux chef du village presque édenté ( alors que je suis une fille!!! ) ce qui m’a valu quelques heures assez sonnées , marché sur les bords du Volcan à Tanna, en éviant quelques Pierres qui auraient surgies, nagé avec les dugongs, plongé sur le Coolidge à 44 m pour « caresser » la Lady un tableau qui était dans la salle de réception du bateau, j’ai marché des heures durant dans la
    forêt accompagnée de 2 jeunes habillés d’un étui pénien…
    Votre blog me donne envie de partager ces incroyables souvenirs

    Bon vent!!!

    Nathalie

    • Merci pour votre enthousiasme. Nous avons donné 3 conférences sur le Vanuatu et avons remercié notre auditoire de nous avoir obligés à nous replonger avec nos documents dans cette ambiance. Nous sommes à présent en Thaïlande. Amitiés . Cathy.

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