Jeudi 18 août

Tuktoyaktuk … Manevaï n’y est pas encore … Quelque chose d’assez spectaculaire et hors du commun s’est produit dans l’après-midi du 18 août dans les environs de Edinburgh Island. D’habitude, les bateaux qui tentent le NWP se comptent sur les doigts d’un main (j ‘exagère peut-être un poil mais c’est pour que vous puissiez mesurer l’ampleur des prochaines péripéties). Manevaï reçoit un appel sur la VHF en fin de matinée. Il s’agit de nos copains Autrichiens du « Nomad » (rencontrés à Resolute et revus à Cambridge Bay) qui sont venus s’abriter sous le vent de l’île en attendant l’accalmie. Ils s’apprêtent à faire route et nous confirme que « Maewan 4 » (rencontrés à Tay Bay puis croisés aussi à Cambridge) sont mouillés à côté d’eux et ont déjà mis les voiles. Ces derniers ont l’AIS et nous ferons plusieurs tentatives de les joindre, sans succès. Il y a donc, dans un rayon de 10 nautiques « Breakpoint » (derrière nous à 7 nm) suivi de « Nomad et « Maewan 4 ». Quatre bateaux, donc. Un quart d’heure plus tard, le « Bonavalette » nous appelle à son tour. Ils sont mouillés dans Johansen Bay de l’autre côté de l’île avec « Ratafia » et comme ils sont équipés d’un récepteur AIS, ils nous ont vus mais pas nous (Big Brother, quand tu nous tiens). Eux aussi font désormais route vers Tuktoyaktuk car le vent nous pousse avec 12 nœuds… pour le moment. C’est comme ça que l’ont se retrouve non plus à 4 mais à 6 bateaux, en plein milieu du Nunavut (bon, bientôt à sa frontière avec les Territoires du Nord-Ouest) et toujours dans un rayon de 10 nautiques. Une situation complément aberrante, à ravir les plus solitaires des navigateurs. Ça papote sur les canaux 77, 06 et 08. Quelques manœuvres de régate se mettent en place. Manevaï arborera le spi sous une allure de bon-plein/travers (plus travers quand même). On trace à plus de 6 nœuds sur le fond avec moins de 10 nœuds de vent avec nous. On passera le « Ratafia » et nous approchons de « Bonavalette » en début de soirée, toujours sous spi.

Il est temps de dîner et d’affaler la plus belle des voiles (surtout celle de Manevaï, avec son joli camaïeu de bleus, beige et blanc). On tanguonne le Génois. La météo annonce un front de nord-ouest, 20 nœuds qui ne nous est pas favorable pour remonter confortablement le Dolphin and Union Strait (souvenez-vous que Manevaï n’apprécie pas être au près par gros temps et encore moins son équipage). Nous prenons la décision de nous abriter à Bernard Harbour, à 25 nautiques de notre position actuelle, soit une arrivée vers les 4 heures du matin (ô joie … pour celle et celui de premier quart). Dans le chenal de Cash Point Island (non, il n’y pas de distributeurs de billet sur l’île) « Breakpoint » nous appelle à la VHF et nous demande nos intentions. Ils sont au moteur et feront route à notre escale de repli également. Ça sent l’apéro (mais pas à 4 heures de matin … quand même). A 02h45 on effleure mon sleeping. C’est Anne, dont le sommeil a été interrompu aussi car Manevaï ne tardera pas à arriver au mouillage. Les 4 membres de l’équipage (un peu engourdis) se retrouvent dans le cockpit, prêts à rentrer par le sud vers Bernard Harbour. En guettant je repère un autre voilier, plus au nord. Anne le chouffe avec les jumelles. Il n’a pas d’AIS donc on pense à « Bonavalette » mais il semble naviguer dans la direction opposée. Serait-ce « Yvinec » ? Pas possible, car lui on le verrait avec l’AIS et Guirrec aussi s’en va vers Tuk. Qui est ce voilier mystère ? On l’appelera le « Flying Dutchman » pour le style. On enroule le Génois, on réveille Mister Perkins, on affale Madame GV et on mouille. Il est 4 heures du matin. 5063 nautiques ont été parcourus depuis Brest, de quoi requinquer les esprits mais cela ne nous a pas empêché de nous écrouler tous dans nos bannettes jusqu’au lendemain matin…

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