La vie au mouillage.

Nous nous orientons pour une couche d’antifouling aux Marquises mais il faut avant de reprendre la mer réparer la biellette du pilote automatique et changer une bague sur le safran donc sortir Manevaï de l’eau. L’antifouling proposé ici est à un prix exorbitant ! Eric a refusé d’acheter deux gallons pour 800 euros. 265€ le pot de 2,5litres, le plus cher en France est à 175€.

Le mouillage s’est vidé, une bonne fenêtre météo se présentait pour s’élancer vers l’ouest et nous ne sommes pas nombreux à présent.

Les ravitaillements sont souvent précédés de deux magasins de bricolage à Albrook Mall, heureusement ils sont proches l’un de l’autre sinon ce sont des kms de galeries à parcourir. Ce centre commercial est surnommé “El Purgatorio”, il est conseillé de déplacer sa voiture sur les différents parkings suivant les achats prévus.

L’astuce: y aller en bus, un toutes les demi-heures mais il faut une première fois s’y rendre en taxi pour acheter la carte qui permet de se déplacer dans Panama bus et métro, et retour en taxi chargés de courses. En montant nous discutons un peu les prix et refusons plus de 8 dollars la course sauf quand Hamid nous a emmenés, attendus et ramenés d’un « castorama » local (en plus petit). Il n’y a pas beaucoup de choix dans les magasins et il faut en faire plusieurs pour trouver ce que l’on cherche. Quentin nous a expliqué que les gens sans argent ne faisaient pas de travaux chez eux, ceux aux revenus moyens se contentaient de ce qu’ils trouvent pour l’instant et ceux qui ont de gros moyens font faire les travaux par d’autres.

Il n’est pas rare d’embarquer l’épouse du taxidriver avec nous. William nous a ainsi présenté Margarita qui travaille au « Ranchito » le restaurant près de la marina, 8 heures par jour avec interruption de 3 heures. Nous engageons la conversation avec les chauffeurs et ils nous racontent le pays. Panama veut dire « Abondance de Poissons », tiens je croyais que c’était Taboga. Depuis quelques jours peu de trafic car grève et négociations avec un syndicat ouvrier. Le salaire est à 550 dollars et ils veulent 1600 dollars mensuels. Beaucoup d’ouvriers dans la construction sont Chinois, eux à mon avis ils ne mouftent pas car beaucoup d’entreprises chinoises gagnent des marchés grâce à une main d’œuvre pas chère. Les gardes-frontières sur l’eau ou dans les marinas sont là pour éviter l’arrivée de migrants clandestins et assistent en fin de journée au débarquement des playistas, ceux qui sont allés à la plage sur les îles.

Nous avons loupé Bernard un copain de San Francisco, il est passé tout près de nous n’a pas vu Manevaï et est à présent de l’autre côté en Atlantique.

La deuxième caisse à eau a reçu ses trois couches de peinture alimentaire. Travail crevant, allongé à plat ventre sur le plancher entre la table et la dérive pour nettoyer l’aluminium. Tout ça avec le moteur de la ponceuse, celui du bateau pour étaler la consommation du moteur de la ponceuse et celui de l’aspirateur dans les oreilles. Nettoyage à l’acétone, ponçage et couche de peinture tous les trois jours en espérant n’oublier aucun recoin.

Nous ne devrions plus avoir de problème de pollution d’eau à présent. Telle une infirmière au bloc j’aidais Eric en lui passant quelques rouleaux à manches et feuilles de sopalin pour effacer ses bêtises et s’éponger le front. Il a fallu en fin d’intervention nettoyer à l’acétone les vernis ce qui matifie un peu nos boiseries. J’ai continué le nettoyage des plafonds du carré à la pierre blanche. Et s’il ne fait pas trop chaud je cuisine.

Démontage du pilote automatique.

“Où t’es papa, où t’es?”

Le chantier à Balboa.

Le petit bateau rouge en haut à gauche c’est Manevaï, vous voyez notre déplacement en orange sur l’écran. Nous étions tout proches des écluses, nous attendions la prise en charge par les gars du chantier. Ils nous attendaient les pieds dans l’eau ou  carrément les cuisses, tout dépend de la hauteur d’eau, (c’est comme Toto qui doit faire des rimes, “je suis tombé dans la mare aux grenouilles et j’ai eu de l’eau jusqu’aux …genoux”, “mais Toto ça ne rime pas” , “normal madame il n’y avait pas assez d’eau!”) sur le ber immergé. A propos de grenouilles je vous raconterai plus tard les Ranas de Panama. Ils nous ont guidés, il fallait mettre Manevaï dans l’axe, ils se sont emparé des aussières préparées à l’avance et ont fermement amarré le bateau. Dérive relevée,  la deuxième tentative fut la bonne. Il y a un courant très important dû au sassage des écluses. Désolés pas de photos, notre envoyé spécial est à son boulot, nous à la manœuvre. A 18h nous étions à sec et les chicos ont gratté et lavé la coque pour 120 dollars.

Nous avons passé 24h au Yacht Club de Balboa, même pas le temps de goûter à leur caïpirinha ou à leur margarita. Pas chères, pas chères pourtant mais nous avons travaillé comme des malades.

Il a fallu 3 heures pour extraire le safran, 3 heures pour le remettre le lendemain avec l’aide de quelques Chicos, les gars du chantier sous la direction de Senor Tito. Nous, nous avons terminé de sortir le safran à 23h. Moi, je continuais à faire la petite main, descendre chercher un outil, passer le sopalin sur le front du mécanicien en chef, donner à boire… Dodo en sens inverse dans la bannette car le nez du bateau était plus haut que notre arrière. Réveil 7h et rebelote bricolage.

Le bateau à sec cela veut dire pas de toilettes et il faut emprunter l’échelle quasi verticale amarrée aux filières pour descendre à terre. Pendant qu’Éric allait remettre à Amiram la pièce du pilote à réusiner dans ses ateliers, moi je descendais la chaîne de mouillage pour y peindre ses marques  de 5 mètres en rouge et de 10 mètres en blanc. Il fait trop chaud, vivement la pluie qui ne manquera pas d’arriver dans l’après-midi.

Une bonne nouvelle, la pièce est prête deux heures plus tard. Merci Narval Marine d’Amador. Comme nous n’avons pas d’antifouling les Chicos se tournent les pouces, pourtant 150 dollars à se partager seraient les bienvenus, ils sont prêts à aider et attendent notre appel. Ils ont tous les âges, de 25 ans à 65 bien tassés. Entr-autres soulever le safran pour le renquiller dans son logement, traduire les ordres d’Eric en espagnol, soulever, amener “el timón” vers l’avant, le reposer sur ses cales et recommencer…Sous la pluie! La marée monte derrière nous mais nous avons jusqu’18heures pour la mise à l’eau. Et s’il le faut une deuxième nuit sur le rail, hum, nous préfèrerions éviter de laisser encore 200 dollars. Poncer l’hélice, changer les anodes. A 16h45 le safran et la barre sont accouplés, nous nous offrons le luxe de ranger l’intérieur où tous les outils sont étalés et nous donnons notre accord pour être remis à l’eau. 60 dollars pour Tito et 20 de pourboire pour ses acolytes. Tito libère le treuil, le rail descend et très vite Manevaï flotte. « Puis-je lancer le moteur? » dit Eric « Si, puedes ». Je vérifie qu’aucune aussière ne traine dans l’eau, elle pourrait se prendre dans l’arbre d’hélice, j’attends un peu pour libérer la dérive et vogue Manevaï sur le joli canal. Merci senor Tito tu es un pro! Avec le courant descendant et une coque propre nous arrivons à La Playita en très peu de temps, juste ce qu’il faut pour ranger les pare battages et lover les aussières.

Denis j’ai beaucoup pensé à toi, j’aurais bien aimé que tu sois là car le démontage du safran tu l’as déjà fait et l’espagnol technique est plus aisé pour toi. Ravis de retrouver notre mouillage même s’il est un peu branleur, nous préférons cet élément-là. Et dîner très tôt non sans avoir fait honneur au saucisson apporté par Marion et Romain.

Nous allons ralentir le rythme. Nous rendons la Jimmy Salva mi maquina  après avoir repris la bouteille de gaz que nous avions fait remplir chez Tropigaz et avoir ravitaillé en vivres pour quelques jours.

La trinquette est recousue, nous sommes allés à Shelter Bay où un nouveau voilier Bill vient de s’installer avec son épouse Caroline. Ils vivent sur leur catamaran et pensent rester deux ans côté caraïbes, le temps de remplir la caisse de bord.

Ceinture et bretelles pour monter dans le mât. Delphine, merci pour le harnais. La trinquette va retrouver sa place.

 

Brèves de taxi :

Notre chauffeur est d’origine balinaise. Vous arrivez d’où ? De France,… ah oui Paris. Moi je me cherche une épouse et je pense à une Ukrainienne. Sur internet tout le monde dit qu’elles sont gentilles et qu’elles veulent quitter leur pays. Oui et quand elle t’aura épousé et pris tout ton argent elle cherchera un autre mari. Ou alors une Lituanienne. Comme tu veux à tes risques et périls.

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