16 juin. Cairns à Low Islets.

17 juin. Low Islets à Walker Bay.

18 juin. Walker’s bay à Cooktown.

Cooktown. Juin 1770. L’Endeavour cherche à relâcher à l’abri d’une pointe. Elle passe le Cape Tribulation en ayant des frayeurs causées par le peu de profondeur puis voyant que le fond augmente se pense sortie d’affaires. Mais elle heurte un  récif qui porte aujourd’hui son nom. Elle est allégée de 50 tonnes de lest, de 6 canons et d’une petite ancre à jet.  Il lui faut trouver un endroit peu profond  pour réparer d’urgence. Ce sera la rivière Endeavour, (mais comment s’appelait-elle avant ?). La « bark » et son équipage vont  rester 7 semaines, sur la rive sud.

Première fois que des Anglais restent aussi longtemps sur le territoire, première fois que des kangourous ( gangaroos), sont vus et nommés, première fois que des contacts  suivis d’échanges sont établis avec les Aborigènes.

100 ans plus tard, Cooktown devint le port principal d’exportation de l’or trouvé sur la Palmer River.

Sa population crût jusqu’à 30 000 personnes dont 2/3 moitié étaient chinoise, elle fut surnommée  « Canton of the South ».

La rue principale Charlotte street, mesurait 3 km de long, était bordée de tentes bien alignées de chaque côté, 163 bordels et des douzaines de débits de boissons. Lorsque les filons d’or se tarirent la ville devint une ville fantôme. Elle ne dut son renouveau qu’au passage de Elizabeth II en 1970 pour le bicentenaire de l’arrivée de Cook. 

Et nous y arrivons un 18 juin, weekend de célébration du passage du Lieutenant Cook.

20 juin. Lizard Island. Une vingtaine de voiliers au mouillage dont Cat-Leya que nous connaissons un peu depuis Opua. Une dizaine seront présents en Indonésie. Il y a 2 mouillages à Lizard Island, un magnifique lagon exposé aux vents d’est et une plage exposée aux vents du nord.

Cette île est chargée d’histoire. Elle est située à 50 nautiques de Cooktown. Une fois réparée, l’Endeavour subit un coup de chien derrière le cap Bedford, pour avoir moins  de prise au vent les mâts de huniers sont abaissés. Quand les vents diminuèrent l’Endeavour fut mouillée derrière la Pointe Look Out.  Le lieutenant Cook, dans un canot voilé se rendit sur Lizard Island pour bénéficier du sommet et trouver un passage dans ce labyrinthe de récifs.

Nous choisissons de rester au niveau de la plage et nous nous risquons dans un chemin. Accueillis par une pancarte, « ne pas se baigner dans le creek, crocodiles ! ».

Les passerelles de bois du sentier nous permettent de passer au-dessus du creek et des crocodiles qui ne sont pas visibles à cette heure. Nous aurions bien aimé aller jusqu’au Resort pour un petit apéritif mais c’est en annexe que l’accès y est facile, pas à pied.

Avant d’emprunter les passerelles en bois, nous découvrons la tragédie de Mrs Watson, (1881). Cinq  adultes, (le couple Watson, un bébé, plus un associé et deux serviteurs chinois).

Les deux hommes partis en mer, au nord, à la recherche de bèches de mer, (holothuries), laissèrent Mrs W, son bébé et les deux Chinois sur l’île à leur campement. Le premier mois de leur absence fut calme. Les Aborigènes qui avaient prévenu que ce lieu était sacré firent disparaitre un des Chinois (on retrouva sa queue de cheval plus tard sur le continent), et attaquèrent le deuxième domestique chinois qui réussit à se réfugier dans la maison sous la protection du fusil de Mary.

Bien que blessé, il aida Mary et son bébé à s’enfuir dans une barque de fortune, une grande cuve destinée à la cuisson des holothuries. A la merci des vents et des vagues, le trio arriva sur Watson Island, Howick Group, à 36 nautiques de Lizard Island. Mais faute de source d’eau potable, ils moururent de soif, leurs corps retrouvés des mois plus tard par un aborigène embarqué sur un schooner. La communauté des pêcheurs d’holothuries se vengea en assassinant une centaine d’aborigènes, aucun d’entre eux n’ayant participé à la mise en fuite de Mary. Le journal de Mary Watson, retraçant les 11 derniers jours, est conservé au musée Oxley Memorial et la cuve au Queensland Museum, les 2 musées situés à Brisbane.

21.06 Cape Melville.

22.06. Morris Island. A la tombée de la nuit. Un cocotier comme amer bien visible mais deux petits sont là pour prendre la relève.

Restoration rock. W. Bligh y fit bombance. Après plusieurs jours de mauvais temps, Bligh y relâcha après avoir attrapé à la main quelques Brown Footed Bobbies, Fous de Bassan. A part les pattes des oiseaux tout fut « voraciously » dégusté.

Portland Road. Encore une jolie baie. Deux crevettiers sont au mouillage, deux voiliers et nous sommes rejoints par l’Outremer Alkina. Nous voulons débarquer mais la petite plage en face de nous est envahie de mangrove.  Nous choisissons encore plus petit à gauche où deux plates en métal se sont posées.  Une route bétonnée pourrait nous emmener à l’aérodrome, il y a du trafic nous croisons deux voitures qui ne sont pas de première jeunesse. Tiens un petit  crocodile, celui-là ne grandira plus il a voulu traverser et a été arrêté dans son élan par un véhicule. Nous abordons une dame qui nous raconte un peu la vie ici, mais elle est nomade en caravane. 4 mois par ci, 4 mois par là. L’aérodrome n’est plus en activité, le covid l’a tué. Il faut aller à 30km pour faire ses courses. Il y a un café qui ferme à 3am. Et deux lodges pour Backpackers. L’histoire de Portland Road nous est racontée par des panneaux près de la plage.  Ce fut une base américaine pendant la WWII. Construction d’un port avec une jetée et d’un aérodrome. La « Battle of the Coral Sea » où les avions jouèrent un rôle crucial, stoppa l’avance des Japonais. Perdant la guerre sur mer, les Japonais tentèrent une approche par l’arrière, la fameuse bataille de Kokoda Trail où Américains assistés de Papous-New-Guinéens stoppèrent l’ennemi à Owen Stanley Range.  

La  jetée n’est plus entretenue, il en reste quelques pieux en bois. Cette baie fut fréquentée jusqu’en 2011 par les trawlers de pêche à la crevette.

  1. 06. Cape Grenville. Mouillage à Margaret Bay. Baie immense bordée de sable blanc, il est déconseillé d’aller à terre.

Au nord de Cape Grenville, William Bligh connut sa troisième mutinerie. Réfugiés sur Sunday Island après avoir été mal accueillis par les indigènes sur le continent, Bligh et ses 16 acolytes cherchèrent à se restaurer et à se reposer sur Sunday Island. Là, un des hommes déclara à son capitaine «  je suis aussi bon que vous », la réponse de Bligh fut «  nous allons voir qui est le maître ici » et de lui lancer un sabre pour lui proposer de se battre en duel. La mutinerie fit flop. Le mutin se calma tout de suite.

25.06 Escape River. Nous sommes partis tôt de Portland Road pour arriver ici de jour sachant qu’il y avait des parcs à huitres pour la culture de la perle blanche. Alkina est déjà à poste devant la ferme perlière de Turtle Head Island. Nous sommes entourés de mangrove mais la rivière est assez large. Pour choisir l’heure d’appareillage du lendemain  il faut calculer le courant car le Albany Passage doit être embouqué avec un courant portant. Le lendemain, nous sortons d’Escape River avec un vent à décorner les bœufs, nous contournons deux récifs et venons sur la gauche pour le passage Albany.

Dommage il fait gris. Sur notre droite un semblant de village est installé. En 1862, Albany Passage avait été proposé pour l’installation d’un port « le Singapour d’Australie ». Nommé Somerset le port se révéla difficile d’accès et Thursday Island fut choisi pour sa commodité d’approche à la voile. Une belle flotte de pearling luggers, lougres à destination de la pêche aux huitres perlières, mouillait dans le chenal. Après la WWII le commerce de la perle déclina, remplacé par la pêche à la langouste et à la crevette. 

Détroit de Torrès. Nous arrivons à Thursday Island juste avant la nuit et faisons comme les autres au mouillage, entre le banc de sable et Horn Island. Nous avons quitté l’Océan Pacifique et sommes entrés dans l’Océan Indien. Le mouillage à Horn est agréable, très venté quelque fois, (ce qui nous évite les moustiques et les nonos) mais la vase est bonne pour l’ancre et la chaine.  Deux langoustiers opèrent à côté de nous. Ils servent de bateaux mères.

Le mouillage.


Le port de Horn est plus actif que celui de Thursday, il est aussi plus abrité que la rive sud de T.I.

Des petits cargos viennent débarquer leur marchandise ici. L’aéroport construit par les Américains est toujours actif et les liaisons sont nombreuses avec Cairns. Deux lodges sur Horn, deux épiceries et un musée à la mémoire des pêcheurs de perles et à la gloire des soldats venus jusqu’ici défendre leur patrie contre  l’envahisseur japonais.

Les enfants sont en vacances et s’amusent à agacer les requins citrons en péchant au-dessus du wharf. Alors que nous visitons ce bourg, un crocodile nage nonchalamment entre les bateaux au mouillage.

Le 2ème jour, nous empruntons la navette pour nous rendre à Thursday Island. D’abord une visite à la galerie d’art puis la découverte de la ville qui se résume à quelques rues assez larges coupées au cordeau. Makka, un habitant,  nous raconte un peu sa vie ici et nous conseille un restaurant. La population ici n’est pas aborigène, les traits du visage  sont plus fins, c’est un métissage mélanésien, asiatique et néo Australien. Le but de notre arrivée ici et de nous imprégner de l’ambiance qu’ont connue les navigateurs avant nous.

1877, Joshua Slocum, en solitaire, sur son Spray est passé ici. C’est une escale obligée, un port d’entrée et de sortie pour ceux qui arrivent ou qui partent en Indonésie.

Après le déjeuner nous entreprenons la balade vers le cimetière.

Le cimetière est immense, il  est installé sur deux pans de collines. Certaines tombes perdues dans les broussailles, d’autres en concessions par famille très bien entretenues, tombes toutes de marbre gravé. Nous redescendons vers la partie dédiée aux 700 plongeurs japonais qui ont perdu la vie tout en essayant de la gagner à la recherche de ces huitres perlières. 

30.06. On appareille pour traverser le Golfe de Carpentarie. Adieu Thursday, le courant nous entraîne vite à l’extérieur des îles et à proximité de Bobby Island nous prenons un passager. Un Fou de Bassan qui va bien s’épancher dans l’annexe en s’installant au-dessus. Et puis un Noddi  qui  lui s’épanchera moins, il s’installe sur un passavant comme un voyeur, il regarde par un hublot.

 

Pas farouche, quelques heures plus tard, il est presque entré dans la salle de bain. Il s’affaiblit. Au lendemain il est parti au paradis des oiseaux et nous laissons son corps à la mer. C’était sympa de faire le quart avec lui comme compagnon.

02.07. Cape Wessel. Que nous passons sous voile et moteur pour contrer le courant.

 

Et nous arrivons juste avant la nuit dans Two Island Bay, entre Trafalgar Bay et Mort Point. Nous n’allions pas choisir de mouiller dans Trafalgar Bay quand même ! Nous avons suivi un petit cargo de desserte des communautés locales qui a choisi de prendre le Bowen Passage. Nous aurions gagné du temps mais sur les pilot-charts, il est dit qu’il n’est pas navigable or nous allons vérifier que tous les navires l’empruntent.

Two Islands Bay : Atmosphère plus sauvage avec ces grands rochers sombres qui encadrent l’entrée. Une nuit calme.

  1. 07. Il fait bien gris. Comme d’habitude beaucoup de vent, 25 à 32 nœuds, pour sortir  et il ne faiblit pas. Impossible de rester dehors, on se fait tremper. Nous nous plongeons chacun dans un bouquin. Puis dans la nuit, le vent se calme, Eric remet toute la toile, la vie va reprendre à bord.
  2. 07. On dessale extérieur et intérieur de Manevaï. Nous visons Coburg Peninsula. Nous avons choisi la baie de Port Bremmer mais arrivés devant  nous sommes surpris par ces lignes de poïtos, de flotteurs qui signalent des ombrières pour les nacres. Il y en a partout. Ok, demi-tour, nous irons plus sud.
  3. 07. Port Essington. La rade nous semble immense et très ouverte mais nous sommes bien protégés par les dunes de sable.

06.07. Découverte de la station de Rangers et du musée qui retrace la tentative d’implantation d’une colonie baptisée Port Victoria. Pêche et traite des holothuries, aidés de Macassans (Indonésiens de Sulawesi) qui connaissent ces lieux depuis le XVIIème siècle.

 

07.07. Alcaro Bay. Partis ce matin avec des dauphins, accueillis ici par de grandes raies Mantas nageant  calmement dans la baie. Nous aimerions qu’elles viennent tourner autour de Manevaï mais ce n’est pas leur aire de jeux ou alors nous leur faisons peur. Quelques photos, nous tentons une sortie en annexe, un survol avec le drone mais le temps de mettre tout ça en œuvre, la marée est remontée, le plan d’eau est moins calme et elles ne sont plus visibles.  Dernier “vrai” mouillage avant l’Indonésie.

08.07. Appareillage 5 heures pour naviguer avec les courants. 11 nœuds de vitesse pendant 30 minutes pour quitter la baie sous la vigilance du phare, il fait nuit noire.

En milieu de journée 25 nœuds, on prend 2 ris. 15 minutes plus tard on largue les 2 ris. 3 heures plus tard, nous sommes au moteur pour descendre le golfe de Van Diemen et nous avons un peu de courant avec nous. Les vents sont fidèles aux fichiers Gribs.

Van Diemen fut le nom donné par Tasman en 1642 à la terre de Tasmanie en l’honneur du gouverneur des Indes Orientales Néerlandaises. A quel moment le golfe a-t-il pris ce nom-là ?

Darwin. 08.07 au soir.

Premier mouillage de nuit à Fannie Bay en attendant de remonter la rivière…

Puis devant la marina de Tiperary. Peu de fond on touche!


Entrée dans la marina.

Le pouce d’Eric a un petit problème.

A très bientôt la suite de nos aventures. Nous avons rendez-vous à Debut dans les Kai Islands.

Nous espérons vous donner des nouvelles mais n’avons aucune idée du réseau en Indonésie.

www.manevai.fr

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