Katiu. Cet atoll n’est pas dans les guides touristiques mais cela fait un an que nous voulons nous y rendre. Reste l’entrée, le courant, la marée…Toujours les mêmes questions. Vers 10 h 30 nous réalisons que nous sommes deux voiliers qui nous pointons à la même heure ce qui conforte Eric dans ses calculs. Une seule personne a écrit sur Katiu, elle était à bord d’un trimaran et a réussi à négocier l’accès. Ensuite n’a rien écrit de bien intéressant sur le village et la vie des habitants.

Nous nous pointons à 11 heures, l’étale était prévue à 11 h 30, en réalité 13 h en tenant compte du remplissage du lagon puisque le vent a beaucoup soufflé, le courant sortant était de 2,5 nœuds, la partie la plus étroite du chenal  est plus à l’intérieur.

J’essaie de prendre des photos sans perturber le barreur qui a les yeux sur les  patates à droite, les patates à gauche, les écrans : sondeur et vitesse et qui doit décider s’il prend le chenal milieu ou celui de gauche. Ce sera celui du milieu en laissant la balise blanche isolée sur notre bâbord.

Nous contournons largement la patate à notre droite et mouillons derrière une balise à l’abri du platier. Eric préfère mettre des poitos le long de la chaîne et nous mouillons par 15 mètres de fond. Le vent dont nous avons manqué pendant 24 heures est bien établi mais les mouvements de Manevaï ne sont pas trop désagréables. Déjeuner et balade à terre. Notre successeur a tenté une entrée à la voile, a dû mouiller à droite au quai des grosses goélettes puis s’est ravisé et au moteur est entré en choisissant le chenal de gauche près des deux balises banches. Son bateau est plus léger que le nôtre et il danse beaucoup plus sur sa chaîne.

Le village Hitianau nous semble plus riche que celui d’Amanu. Bien sûr l’église domine toutes les habitations et un pylône de transmission est à sa place à côté de l’OPT, chouette nous aurons peut-être du vini.

L’annexe est laissée sur le sable de la petite plage et nous partons à la découverte. Deux rues dont une qui fait le tour et des balustres qui bordent tous les jardins. Amo nous interpelle avec ses deux Kaveus, il aimerait bien les vendre mais je ne suis pas assez en forme pour les cuisiner étant sujette à un petit dérangement intestinal. Je ne suis même pas tentée d’en acheter un. Il paraît que c’est délicieux.

Un joli cimetière tourné vers l’océan et de retour près de la passe nous sommes rattrapés par Tepaiaha qui nous raconte son île et ses projets. Voilà un Paumotu qui a l’esprit d’entreprise, il n’a que 30 ans, pour l’instant c’est la pêche et la nacre et bientôt la perle avec son cousin à Makemo.

Avant de nous quitter il nous offre des filets de mérou pêchés dans l’autre passe, nous lui faisons promettre de passer sur le bateau.  De retour à bord le vent s’est levé, rafales jusqu’à 27 nœuds, la mer n’est pas dans le sens du vent et le platier ne nous apporte pas un bon abri. Mais la chaîne grâce aux poitos reste assez élastique, les trois flotteurs immergés jouent le rôle d’amortisseurs.

Dimanche matin appareillage ou plutôt tentative d’appareillage. Impossible de dégager la chaîne, elle est coincée quelque part. Eric enfile palmes, masque et tuba et nage au-dessus: en fait un des poitos empêche la chaîne de se dégager de la patate, il flotte et la retient. Deux manœuvres intelligentes en décrivant un grand cercle et le mouillage remonte, le bout du poito bien cisaillé par le corail.

Notre voisin de mouillage vient proposer son aide alors que nous nous dégageons. En route vers le sud.

Peu de patates sur notre route, nous les avons enregistrées sur Ovitalmap et nous suivons notre progression sur l’écran. Une grosse ferme perlière, moins d’ombrières mouillées dans l’eau du lagon qu’aux Gambier. Mieux que la carte postale mieux qu’un dépliant touristique.

3 mètres d’eau vert turquoise, du sable blanc, des cocotiers, quelques cabanes pour le coprah, deux pointes noires, un motu, des cocotiers sur l’horizon et le bruit de l’océan qui se casse sur le récif.

Eau est à 28,8°. Température que nous apprécierons lors d’une plongée snorkeling après avoir fait une excursion sur le récif. Les coraux y sont très gris, l’atoll est bien défendu car ce sont des dunes de fragments gros ou petits qui s’accumulent avec le ressac. Je m’y abîme méchamment un talon mais le problème ne viendra que deux jours plus tard, un point douloureux sur le côté externe et impossibilité de poser le talon pendant quelques jours .

Raisonnablement nos quittons notre Eden pour revenir vers le port en espérant retrouver notre ami pêcheur Tepaiaha. Deux tentatives de mouillage dans le sable tout près du chenal, nous renonçons et quittons à regret Katiu après l’altercation avec un perliculteur mais ce désaccord ne nous fera pas changer d’avis, Katiu est un paradis avec un accès difficile.

En route de nuit vers Kauehi, il ne faut pas arriver avant 5 heures du matin. Nous sommes donc sous toilés et roulons un peu. Pour le dîner Eric choisit de se mettre à la cape, sage décision car nous essuyons un grain à 28 nœuds. 3 h 30 du matin réveil, nous sommes en vue de la passe. Nous observons les alentours du feu rouge, nuit sans lune et passons devant en nous rapprochant, pas de vagues stationnaires, l’eau semble calme c’est l’étale. On y va. Je reste à l’intérieur pour guider le barreur les yeux rivés sur l’écran.  4 h 15 nous faisons notre entrée dans l’atoll, le jour commence tout juste à poindre.

Kauehi. Un petit yacht, deux voiliers. Nous remontons ces bateaux et sommes mouillés au grand jour vers 6 h. Une journée qui commence tôt. Deux Hoa (communication entre l’océan et le lagon ) plus sud devant lesquels sont mouillés les voiliers dépassés plus tôt, nous irons jouer avec l’annexe dans le courant en observant l’océan derrière le récif. Nous découvrons une route bien entretenue, une piste plutôt et en observant les cocotiers nous constatons qu’ils sont dépourvus de leurs noix.

 

Une cabane à coprah.

Nous apprendrons plus tard que les propriétaires enlèvent les noix de coco assez tôt pour ne pas se les faire voler. Au village on nous raconte le vols de nacres sur les stations (cordages de 200 mètres sous lesquels sont suspendus les chapelets de nacres). Et aussi le “vol” de femmes mais ça ce sont des histoires de c…œur. Les élections européennes ils s’en moquent, ils fêteront la fête des mères et entreront en campagne pour les municipales.

L’église est le premier bâtiment remarquable lorsque nous arrivons au mouillage.

Belona fait sauter le coprah de la gangue de coco.

Un sac de coprah de 25 kg rapporte 140 XCP x 25 =  3500 XCP (~30 euros). Pour atteindre 1000 euros il faut donc remplir 33 sacs. En Polynésie si tu as besoin d’argent tu vas au “secteur”, sur ton motu et tu coupes tes cocos. Tu les ouvres, tu les fais sécher en les empilant d’abord le creux vers le bas puis tu ôtes la partie blanche  et tu la fais sécher au soleil sur une tôle ondulée. 3 jours de séchage et tu mets en sac.

La rue principale.

Nous sommes rentrés un peu attristés d’avoir rencontré des habitants désabusés. Le mouillage devant le village est très agréable. Il y a peut-être 200 personnes sur l’atoll, il n’y a plus de fermes perlières, seulement des écloseries. 24 élèves à l’école primaire toute neuve, deux instituteurs.

En soirée nous avons assisté à l’arrivée du Kobia ravitailleur  qui n’avait pas grand-chose à apporter dans l’île, il a mouillé, sa barge est passée entre les 4 voiliers, a débarqué des passagers et peut-être des marchandises et est repartie. Le Kobia n’a attendu que ¾ d’heure. Nous avons donc eu confirmation que les magasins ne seraient pas mieux approvisionnés au matin. C’est une désolation de voir les rayons vides, il faut chercher des idées devant les étagères et regarder dans les congélateurs dans lesquels il y a toujours des frites, des saucisses quelques fois par 30, des steaks d’Uruguay congelés en grande quantité donc choix limité.

Nous quittons le mouillage sous spi et comme notre allure est agréable nous décidons de sortir de l’atoll et d’aller faire une brève escale à Fakarava pour avoir accès à un peu d’Internet chez Fakarava Yacht Services.

Trois dauphins nous ont souhaité la bienvenue avant l’entrée de la passe Garuae.  Et nous ont salués par un looping avant de nous quitter.

Nous arrivons au mouillage à 18 h 27 c’est-à-dire qu’il fait nuit noire. Nous connaissons les abords, le problème est de mouiller dans le sable pas dans les patates.

Au matin surprise: Otter II est tout près de nous. Nous les avions rencontrés à Panama, Eric les avait dépannés en leur donnant un contacteur pour leur moteur. Un café à leur bord et nous les invitons pour le soir-même à dîner chez nous. Nous avons beaucoup de choses à nous raconter.

Nos amis belges sur Otter II.

Une petite virée chez Stéphanie et Aldric de Fakarava Yacht Services pour profiter de leur internet, bien meilleur qu’à notre dernier passage. Voilà pourquoi vous avez reçu des photos, nous étions tellement heureux de pouvoir communiquer.

 

Après deux nuits à Fakarava, nous appareillons aux aurores, traversons l’atoll et croisons Arthi qui se pointe à l’étale du matin.

Toau. Nous savons que nos amis pêcheurs sont absents et allons garder le camp et surtout voir l’avancement du projet. Une belle construction sur dalle, des piliers, pas de murs. Morton, merci pour ta gentillesse et ta confiance: l’eau à disposition, nous pouvons nettoyer notre annexe et remplir nos jerrycans.

Quelques balades souvenirs sur le récif, quelques plongées sur les lieux découverts il y a dix mois. L’eau est toujours aussi belle, les poissons présents au rendez-vous,  les patates aussi.

Nous avons dit au revoir à Toau jeudi en espérant faire la connaissance du frère de Morton mais il n’était pas arrivé lorsque nous avons appareillé. Nous avions laissé un gâteau suspendu dans un filet à l’abri des rats,  des confitures et deux aquarelles du premier camp lorsque Angelo dormait dans un hamac et Morton sous la grande tente. Nous n’avons rien pêché bien sûr, les Poopas que nous sommes ne pourraient pas subvenir à leur besoins primitifs. Nous avons seulement fait quelques vidéos des fonds et des poissons.

Et en route pour la découverte de…

Apataki.

Nous avons longé l’aérodrome en cherchant la passe Pakaka. Nous l’avions bien en tête grâce aux cartes et aux photos satellite.

Encore un atoll découvert par le Hollandais Roggeveen en 1722. Plus de cent ans après Rangiroa. C’est ici que le capitaine François Hervé, capitaine de la marine marchande, fit les premiers essais de perliculture.

Deux nœuds de courant rentrant mais 20 nœuds de vent sur le lagon. L’entrée fut aisée, j’aurais pu prendre de jolies photos de travailleurs de la mer sur les quais du village de Niutahi que nous longions mais j’étais à la barre.

Ensuite nous nous sommes trouvés face à un clapot et à un vent qui ne nous permettaient pas d’avancer au moteur or il fallait aller jusqu’au motu Totoro et donc traverser. Alors au près en veillant sur les patates et les poitos des fermes nous avons mis 3 heures pour trouver l’abri prévu, une partie à la voile et dès que nous avons pu nous nous sommes mis à l’abri du récif et donc de la mer en affalant les voiles et en lançant le premier maître Perkins.

Ouf arrivés avant la nuit. 17 h 30 il fait déjà sombre pour trouver l’endroit idéal. Nous y sommes et allons prendre un bain? Non demain. Un apéritif? C’est trop tôt. Non du repos dans le cockpit. Deux catamarans sont au mouillage et nous avons trouvé le fameux chantier:  Une vingtaine de mâts sont visibles dans la cocoteraie.

Le lendemain à terre nous faisons la connaissance de Tony, une trentaine d’années, mi-chinois mi-polynésien, c’est lui le patron du chantier.  Un vrai patron, réaliste sur le devenir des Tuamotu si les jeunes ne se remuent pas plus. A notre époque on ne peut pas vivre du coprah en gagnant juste de quoi vivre au jour le jour. Il y a beaucoup à faire ici : la pêche, le tourisme, mais beaucoup à faire pour changer les mentalités.

La physionomie de l’atoll va évoluer sans doute puisque une base de location de deux gros catamarans, Poecharter, devrait s’installer devant le chantier. Dans le bureau de Tony se trouve une bibliothèque d’échange de livres. Et je déniche un vieux  volume sur Lapérouse. Bibliothèque Jeunesse Chrétienne par F. Valentin. Je promets d’en apporter un autre et reviens vers Eric avec ma trouvaille.

Tony nous présente à ses grands-parents Aruari (Mamie Apataki) et Assam.

Le fameux Assam du guide de P. Bonnette ! Il y a encore quinze ans Assam était perliculteur après avoir été le patron du bateau qui chargeait la pêche des atolls voisins pour Papeete pour Warren & Lacotte.  Deux livraisons par semaine. Ensuite vient  l’installation à Apataki, défricher le terrain de famille, dormir sous une plaque de tôle ondulée puisqu’il n’y a pas encore d’habitation. Tout en construisant la ferme et en implantant des naissains de petites nacres.  Une réussite qui vient récompenser des mois de labeur.  Et puis le cours de la perle dégringole, trop d’exploitants , trop de qualité médiocre, le fils d’Assam décide une aire de gardiennage pour voiliers. Là aussi défrichage, abattage de cocotiers, faire le terre-plein, la rampe, le tout vérifié par un géomètre. Et les premiers bateaux arrivent. Tony prend la relève et engage deux personnes. Il y a de la mécanique à assurer pour la maintenance des voiliers confiés.  Et se battre pour obtenir un bon réseau internet. A regretter de ne pas avoir prévu de laisser Manevaï ici.

Nous restons une bonne heure à bavarder avec ses grands-parents, le poulet dans son sac de plastique décongèle doucement. Nous comptions nous ravitailler aussi en légumes mais Aruari et Assam ne cultivent plus trop  la terre. 250 poules et des œufs pour fournir les atolls alentours. Nous sommes assis en bordure de lagon, un peu de fraîcheur et pas de moustique. Toutes ces personnes rencontrées comme Denise et Edouard à Taravai ne sont que gentillesse et n’ont que du bon sens à partager. Au moment de nous séparer le requin dormeur vient chercher sa pitance sur la plage.

Même pas peur!

Toute l’après midi nous travaillons sur nos ordi, merci Tony pour le bon réseau (nous avons acheté 24 heures de connexion), avec une récréation pour nous balader sur le récif qui fascine Eric.

Appareillage en fin de matinée le lendemain après avoir dît au revoir à nos hôtes. Il faut voir les dangers sur notre route avec le soleil bien placé.

Nous mouillons à mi-chemin entre Totoro et le nord de l’atoll. Baignade, balade dans le hoa, bricolage et couture, le fameux bimini avance doucement.

Le lendemain nous sommes à la pointe Teonemahina. Toujours abrités des vents d’est.

Je « snorkele » sur les patates en filmant grâce à la Gopro, Eric lui plonge plus profond et ramène de plus belles images.

On change de mouillage le matin suivant. Dernier jour à Apataki. Des couleurs de lagon comme en rêve mais je nous trouve bien proches de la patate, Eric veut rester 24 heures de plus, moi je ne suis pas tranquille.

Nous quittons Apataki par la passe nord Passe Tehere en fin d’après-midi .

Zut dehors trop de vent il va falloir ralentir notre allure. Nous avons prévu une traversée de 20 heures pour entrer à Rangiroa vers 14 heures. Génois enroulé, ris dans la grand-voile puis empannage puis mise à la cape.

 

http://sailwx.info/shiptrack/shipposition.phtml?call=BARFR04

 

 

 

 

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