Vendredi soir. Long  Bay.

A l’entrée du fjord des marsouins de Dall nous accompagnent un bout de chemin.

Début de weekend nous n’avons jamais croisé autant de bateaux. En fait nous n’avons pas compris que Le Prince William Sound était un des spots de pêche les plus fréquentés par les poissons et donc par les pêcheurs, nous allons découvrir les jours suivants les différentes façons de pêcher : filets maillants, senneurs et les différentes variétés de poissons.

D’abord Cull Ross Passage il fait frais, très frais. En fin d’après-midi nous arrivons à Long Bay, un phoque curieux nous observe.

Les garçons partent à la découverte, je les laisse aller se tremper les chaussures et les vêtements. Ils veulent repérer le lac.

La complainte du phoque en Alaska, (Revue et corrigée).

« Qui vient ainsi troubler mon sillage

Se dit le phoque inquiet dans sa nage

Mais c’est un bateau qui vient au mouillage

De France il arrive par le North West Passage.

Mais qui sont ces deux drôles d’oiseaux

Qui s’affichent en rouge et bottes bateau ?

Et que font-ils ? Ils descendent l’annexe

Aidez-moi à trouver une rime en exe

Ils cherchent encore un tlingit portage

Témérité, obstination et courage

Oh mes ces deux lascars là m’agacent

I  phoque them * et rentre mes whiskas

Foi d’animal

Intérêt et principal,

La fourmi n’est pas …

Aie je me fourvoie

Je suis un natif  Alaskan

Je suis donc cool et accueillant

Je reviens vers eux toujours curieux

Mais ils me disent adieu. »

*Allusion au phoque bien connu par les surfeurs de Bordeaux jusque z ‘à Brest surnommé « Fuck you » car il commençait à devenir plus qu’entreprenant.

Au matin nous décidons une reconnaissance « Allez Cathy tu viens, c’est sûr il n’y a pas d’ours ».  Un bateau alu arrive, 5 jeunes du National Forest Service à bord. Les 2  garçons remontent la rivière en  annexe, nous les remorquons. Ils nous expliquent qu’ils vont passer deux jours dans la cabin réparer les dégâts causés par un ours, ah oui ? Il a détruit la cabane et la saison va s’ouvrir, les cabins doivent être opérationnelles. Nous espérons marcher sur leurs traces mais ils nous distancent malgré leur chargement, tuyau de poêle, outils, vivres et vêtements. Nous tentons de rejoindre le lac, nous nous enfonçons dans la neige, nous crapahutons et rejoignons le trail sur quelques centaines de mètres. La végétation ne perd pas de temps dès que la neige fond,  les salmons berries sont en fleurs, les skunks cabbages sortent tout juste de terre droits sur leurs tiges protégées par les  premières feuilles bien resserrées.

Il pleut, dommage pour la bataille de boules de neige prévue. Tiens un ours a dû passer sa colère sur ce panneau. Oui il y a bien des poils coincés dans les éclisses de bois.

Nous décidons de rebrousser chemin,  il est plus que temps si nous ne voulons pas porter l’annexe sur les rochers du seuil, la marée descend. Les herbiers zostères sont à fleur d’eau, c’est l’habitat des nurseries de saumons. Nous passons tout juste le seuil en rafting et arrivons en aval en eau calme où Manevaï nous attend.

Réflexion de Loïc

C’est un beau métier changeur de tuyau de poêle dans les cabins.

« Je suis plombier bier bier bier bier

C’est un beau métier

J’fais mon turbin bin bin bin bin

Dans les p’tits cabins

Du vendredi au dimanche

Je viens changer le manche

Du tuyau de poêle

Que ma vie est belle ! »

 

 

Lake Bay. Hatchery.  17 juin au soir.

Dimanche 18 juin, résultats d’élections en France. Nous avons confié nos procurations aux voisins.

 

Nuit tranquille amarrés au coffre, au réveil nous nous découvrons en zone de pêche et assistons pendant une heure à la pêche au saumon, c’est la période du Chum dit aussi Dog salmon.

Le Skiff à gauche ne bouge pas, le Senneur déploie son filet en parcourant un grand cercle, les saumons déjà sautent de joie !

Le Skiff va passer de l’autre côté pour contrôler le déplacement du bateau et refermer le filet.

Et parce que nous avons été sages le patron nous propose un poisson.

 A l’épuisette le jeune sort un saumon, Eric dans l’annexe bavarde avec un autre .

Tout de suite préparé par Loïc sur la jupe arrière de Manevaï.

Le bateau de soutien  va s’accoster pour récupérer à l’aide d’une suceuse les poissons encore prisonniers du filet.

Nous descendons à terre pour découvrir la “Hatchery”.

Chris originaire du Colorado vient nous rejoindre et nous fait faire la visite. Les bassins naturels  d’attente des dames ( et oui ces messieurs saumons attendent 15 jours les dames au bassin),

le sas avant l’ascension dans la blueberry column, une vis sans fin qui permet aux poissons de remonter tout en étant toujours baignés dans l’eau.

Puis à l’intérieur des bâtiments, no photos please. La salle de tri femelles et mâles, le vidage des ventres de poissons pour récolter les œufs et la laitance. Les tiroirs de l’incubateur, les bassins d’élevage. Des millions de minuscules poissons rejetés à l’eau 1 mois plus tard. Quand le taux de réussite est à 2,5% entre le rejet des alevins et la pêche  effectuée c’est une très bonne année. Les poissons tués  pour leurs œufs sont ensuite transformés en bouillie pour animaux.

Et pour remercier Chris du temps qu’il nous a consacré Loïc lui offre sa casquette de La Cancalaise. Un peu de pub pour les beaux frères. Nous continuons notre découverte de la région, la cascade et le lac toujours armés de Bear spray et de pistolet d’alarme.

Et j’ai du réseau, du moins je crois en avoir car j’entends mon téléphone tilter. Au retour je constaterai que c’est seulement EDF qui me signale que je n’étais pas là pour lire le compteur à la date prévue. Bouh ouh ouh.

Et déjeuner d’une darne de saumon  par personne, avec un beurre de citron. Un régal ! Heureusement il restait du riz sinon nous aurions été très malheureux.

Pêche de Loïc qui a une revanche à prendre : « Tiens j’ai quelque chose mais ça ne se défend pas .Je ne veux pas que ce soit l’arête que l’on a jetée tout à l’heure, ce serait l’humiliation complète. Une petite morue mais notre frigo est encore plein de saumon. Oh non, ce n’est pas la peine d’aller à 75m pour pêcher une morue de 20 cm! Là ça y est je suis au fond. Normalement les morues ne se baladent pas seules, je vais prendre son grand frère». Pour réaliser quelques jours plus tard qu’il nous était interdit de lancer nos cannes devant une hatchery.

Appareillage 15h pour Whittier où nous espérons du wifi et une épicerie. Mais nous savons que ce n’est pas une escale de charme.

*Hatchery : Ecloserie. L’Aquaculture Association est une corporation à but non lucratif soutenue largement par  les revenus de la pêche et la transformation du poisson pêché dans les eaux voisines des écloseries. La pêche commerciale a lieu principalement l’été et la collecte des œufs s’étend jusqu’en septembre.

Par contre le paysage est grandiose et nous assistons au ballet de marsouins de Dall qui jouent devant notre vague d’étrave, notre âme d’enfant se réveille.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.