Fukui
, Honshu. Le 15 mai, pour 24 heures. Nos voisins les garde-côtes sont trop contents de venir à bord. Jeunes et parlant anglais, tout sourire. Encore quelques minutes et nous les aurions invités à dîner.

Nous sommes ici pour visiter Kanazawa. Pour une fois il est possible de se servir de l’application Go (Uber) et notre chauffeur vient nous chercher pour nous emmener à la gare distante de 10km.

Kanazawa. Littéralement « marais d’or ».


Un court trajet en Shinkansen et nous débarquons à la gare de Kanazawa, un dôme de verre pour protéger les voyageurs et un portique géant en bois que nous prenons pour un Torii mais qui en fait est inspiré du tambour à main traditionnel du théâtre Nô.

Un dicton populaire pour cette ville. « A Kanazawa vous pouvez oublier votre bento mais n’oubliez pas votre parapluie ». Nous avons été chanceux, nous avons parcouru la ville sous le soleil. Ces fortes précipitations transformées en eaux souterraines, pluie et neige, contribuent à la riche verdure de la région et à la production de délicieux sakés, riz et légumes locaux. Ville fortifiée avec plus de 400 ans d’histoire, conçue autour du château, les roturiers vivaient en bord de ville tandis que les samouraïs membres de classes supérieures résidaient autour du château afin de protéger et de servir leur seigneur. Durant l’époque Edo (1603-1868) Kanazawa vivait sous le règne du clan Maeda, elle comptait plusieurs quartiers de samouraïs, de geishas et d’artisans.

Les chutes de neige commencent généralement vers la fin de décembre et se poursuivent jusque fin février.

Dommage le château ne se visite pas mais son jardin est très agréable, derniers cerisiers en fleurs.

Les quartiers des Geishas. Le quartier de Higashi Haya et le quartier de Kazue Machi sur les rives de la rivière Asano. Seules constructions autorisées à deux étages. Les maisons de ces dames sont associées aux pratiques de loisirs et de divertissements durant la période Edo. Dans ces « Chayas », (maisons de thé en japonais) les geishas s’appliquaient à divertir les membres de la haute société de l’époque. Pour ce faire les geishas en véritables artistes pouvaient aussi bien exécuter des pas de danse, chanter ou jouer d’instruments de musique traditionnels.

Quartier des samouraïs.

Le jardin Kenrokuen situé sur une colline est absolument magnifique. Développé sous le règne du clan Maeda, il est l’un des 3 plus beaux jardins du Japon. Pour nous les cerisiers ont malheureusement terminé leur floraison mais l’ensemble est de toute beauté grâce aux érables très colorés, à la composition des plantes, arbres et buissons.

Cette ville est réputée pour son artisanat : la laque Kanazawa Shikki, les incrustations Kaga Zogan, les teintures de soies Kaga Yuzen, les broderies Kaga Nui, la porcelaine de Kutani, les céramiques Ohi. Les cordelettes Mizuhiki, les parapluies-ombrelles, les jouets locaux qui sont des porte-bonheurs, les mouches de pêche aux plumes délicates…

La rue Tatemachi où je ne résiste pas à l’achat de Obis pour confectionner des abat-jour plus tard.

Chaya : maison de thé. Thé se dit Cha en japonais, comme en portugais.

Nous aurions bien aimé bavarder un peu plus avec nos voisins les garde-côtes mais nous décidons d’appareiller et de dîner en mer. Nous gagnons ainsi quelques heures pour retrouver les amis et la météo est avec nous.

Nous changeons d’île et de climat.

Matsumae. (Ile d’Hokkaido). Le maitre de port, monsieur Fumiyoshi, nous attend, nous fait de grands signes mais nous aimerions nous accoster sur un autre mur pour être mieux abrités d’un coup de vent qui s’annonce. Non, nous devons vraiment nous mettre là où il a prévu. Hoptoad et Bellamare sont déjà là, plus un voilier japonais qui s’est pressé pour nous « voler » la place que nous convoitions, il connait les lieux, le bougre !

Nous réglons tout de suite notre droit d’accostage, même montant pour une nuit ou plus.

Première balade dans la petite ville, encore une qui s’endort. La ville était un centre politique mais également économique grâce au port très animé. Nous sommes intrigués par les citernes placées devant les maisons, 500 litres de pétrole pour le chauffage.

Ici quelques cerisiers sont encore en fleurs et pour cause, il y en a des milliers. Les touristes viennent y passer une journée fin avril pour admirer les 10 000 arbres de 250 variétés différentes.

Au milieu des cerisiers trône une statue à la mémoire du professeur Kaneko Yotei, le plus grand calligraphe du Japon.

Le retour de la balade se fait au milieu de temples disséminés dans la forêt.

Ici a été implanté un parc d’attraction : un village de samouraïs et de commerces traditionnels. En été la ville accueille le Matsumae Joka Jidai Matsuri, un festival au cours duquel une armée de samouraïs à moto défile dans la ville.

Pas gouté cette fameuse marinade la Matsumae-Zuke. Calamars, œufs de harengs, varech, le tout mariné. Pas de restaurants ouverts.

Avant de partir nous remercions le maitre de port qui a été si accueillant. En fait nous échangeons des cadeaux.  Il ne parle pas un mot d’anglais mais il appelle sa fille Nano et elle traduit pour nous. Nous avons réussi à nous débarrasser de nos poubelles.

Une escale réussie qu’est-ce ce que c’est ? Une rencontre, un sourire, une personne à l’écoute de nos besoins…

Nous quittons les lieux très tôt, deux heures après Hotptoad et Bellamare. Par WhatsApp Lindsey m’avertit qu’à l’extérieur du port la mer est difficile. Nous hissons la grand-voile à l’abri derrière la jetée et prenons la même route que nos amis. Pour nous, aucun problème la mer s’est calmée.

Le 21 mai. 30 nautiques nous séparent de Esashi, (île d’Hokkaido) et nous nous amarrons derrière Bellamare. Quelques heures plus tard nous sommes rejoints par Harmattana et Mandolyn. Le quai est assez long et bien protégé.

 

 

Un contrôle de garde-côtes pas sympas, j’en profite pour m’éclipser.

Le petit musée où j’assiste à une leçon de chant, conduite dans les lieux par une dame minuscule qui tient une jolie boutique qu’elle laisse ouverte en partant.

Au musée…

Le lendemain après-midi c’est John qui nous fait visiter la ville. Passionné par l’histoire du Japon il est ici comme assistant de professeur d’anglais.

Esashi est depuis longtemps un port important dans la région, avec Hakodate sur la côte Pacifique et Matsumae à l’extrême sud de la grande île du nord, qui faisaient partie des plus grands ports de commerce d’Hokkaido. Il est inscrit à l’inventaire des plus beaux villages du Japon.

Depuis le XVIIè siècle, l’activité était soutenue par la pêche au hareng et le commerce du bois de cyprès du Japon, dont l’intense production allait jusqu’au port de Sakai à Osaka.

L’intense activité commerçante a laissé des traces visibles dans la petite cité portuaire, avec des bâtiments principalement en bois de différentes époques. Ces beaux édifices étaient des greniers, des maisons de commerçants prospères, de courtiers, etc.

Admirez l’épaisseur des volets.

Le quartier d’Inishie, le sanctuaire Ubagami, qui est le plus ancien temple shinto de toute l’île d’Hokkaido, fondé en 1216. S’il fallait une preuve de la riche histoire du lieu, la voici. Ce sanctuaire abrite les dieux qui protègent les pêcheurs.

La Maison Yokoyama, toujours habitée par la même famille depuis 200 ans, ce qui fait qu’actuellement la huitième génération est aux commandes.

Les harengs avaient disparu mais reviennent.

Au port derrière nos voiliers, un grand bateau à quai, la réplique de l’imposant Kaiyo-maru et son musée attenant. Ce navire, fut construit aux Pays-Bas puis livré en 1867 au Shogun Tokugawa, qui avait l’espoir d’en faire une pièce maîtresse de son armée lors des guerres contre le pouvoir impérial. Il a participé à la bataille d’Hakodate, mais sombra dans le port d’Esashi lors d’un violent orage. 

Le Heishi-iwa, sur l’île de Kamome, rocher sacré, avec un grand torii posé devant lui.

Le soir Izakaya pour 8, les 5 enfants sont restés à bord.

Appareillage pour les 4 voiliers en début de matinée le 24 mai.

Alors que nous libérons un ris, nous constatons que la grand-voile est décousue en deux endroits. Coutures vérifiées chez Tasker il y a un an. !!!  Mer belle. Eric fait quelques points à la main et colle de l’assigna. Deux heures plus tard l’assigna commence à se décoller, tel un poseur d’affiches Eric s’aide du balai pour reposer la feuille.

Une nuit en mer, compliquée. Nous traversons des zones sans vent pour ensuite être cueillis par 20/25 nœuds de vent qui profite des vallées pour nous tomber dessus.

Le cap Shakotan qui nous inquiétait est finalement facile à passer. Nous visons Bikuni mais nous savons qu’il y a peu de place. Hoptoad arrivé le premier prend la place, c’est le jeu. Avec Bellamare nous choisissons un port au bassin très large situé à 2 nautiques plus sud.

Furubira. Le 25 tôt le matin. Nous ne verrons rien de cet endroit, il pleut toute la journée sans discontinuer et nous restons à l’abri. Le mur qui nous protège doit mesurer huit mètres de haut.

Au menu du dîner : Lasagnes, commencées la veille mais interrompues par la gîte. Une béchamel par 20 nœuds de vent au près c’est risqué.

Otaru. Le 26 mai.

Notre arrivée est compliquée, il y a trop de vent, 25 nœuds, et nous préférons ressortir de la marina pour mouiller derrière la jetée. 3 heures plus tard nous sommes à la place prévue, très étroite quand même. Nous sommes les derniers du rallye à nous accoster.

Visas. Nous devons renouveler nos visas expirant le 30 mai. Donc le lendemain direction la ville de Sapporo. 3 équipages se retrouvent à 8h30 dans le train de banlieue puis se dirigent vers le bâtiment d’immigration. Il nous faudra tous patienter 4h30 pour obtenir tous les papiers pour un visa de seulement 30 jours.

Nous avons beaucoup de retard pour retrouver Cheiko et Yoko avec qui nous avons rendez-vous à la tour de l’horloge. Nous ne nous connaissons pas mais avons une amie sud-coréenne en commun, Chang rencontrée à Kota Kinabalu. Cheiko vient de fleurir une salle qui doit servir pour une réunion. Moment super agréable car ces deux dames parlent français !!! A présent c’est le printemps mais comment est cette ville en hiver ? Où ont été organisés les JO de 1972 ? L’évènement principal annuel de cette ville est le Sapporo Yuki Matsuri en février (Les sculptures de glace).

Malheureusement pas de temps pour flâner en ville mais avant de prendre le train nous complétons notre ravitaillement au supermarché de la gare.

Le lendemain nos amies viennent prendre l’apéritif à bord avec des cadeaux-gâteaux. Des petites poupées japonaises en tissu et des gâteaux amusants et délicats au goût.

Le 3ème jour nous faisons la connaissance de Nano et sa maman, respectivement fille et épouse du maitre de port de Matsumae. Encore un très bon moment.

Dîner pour 9 équipages.

Fin du Rallye le 30, 31 mai et 1er juin.

Une matinée pour apprendre à confectionner des Soba (des nouilles). Et ensuite les déguster après cuisson mais refroidies dans l’eau glacée !

Une matinée pour apprendre à souffler du verre. Nous en ressortons chacun avec notre propre verre coloré.

Un délicieux déjeuner de fruits de mer où nous admirons une exposition de maquettes. Eric Tabarly est en photo et son Pen Duick y est représenté deux fois.

Une visite du vignoble Niki Hills.


Notre guide viticulteur, Keizo Funatsu, a eu plusieurs vies : après avoir travaillé dans un bureau, il a été explorateur et un sacré explorateur ! Il a traversé le pôle Sud avec Jean-Louis Étienne, (Transantarctica, 7 mois, 6300 km en 1989 /1990). Il est tout sourire, discret et nous raconte l’exploitation.

Superficie 32 ha. Jardin anglais, forêt de pins. Climat sec avec 2 m de neige en hiver. Vins produits : Vins rouges : Pinot noir, Merlot, Vins blancs : Neiro et Hatsuyuki (vin blanc répondant au joli nom : premier jour de neige).

Une soirée pour les échanges de guidons de clubs, délicieux buffet près des pontons où nous rencontrons des membres de la marina.

Un débriefing sur les 3 mois de rallye, le lendemain, au cours d’un petit-déjeuner préparé par un traiteur.

La marina par beau temps.

Un petit festival. O-Mikoshi Matsuri. Rituel shintoïste. Sanctuaire porté par les habitants d’un quartier généralement après le déclin des saisons. Un moyen de vénérer les divinités et de demander leurs protections pour les récoltes et pour l’avenir. Les 20 personnes qui soutiennent le sanctuaire, et le font trembler, sont relayées par d’autres, les femmes plus petites sont placées au centre.

Visite de la ville. Otaru est une ville portuaire située à Hokkaidō (l’île la plus au nord du Japon), au nord-ouest de Sapporo, dans la baie d’Ishikari. Elle est réputée pour sa production d’objets en verre, ses boîtes à musique et ses distilleries de saké. C’était l’un des principaux centres d’affaires, financiers et commerciaux, comme en témoigne cette rue principale où s’échelonnent les anciennes banques. Ici peu de bâtiments en bois, ils sont en pierre de taille ou en ciment conçus pour résister aux incendies.

Terminé en 1923, le canal d’Otaru voudrait évoquer une petite Venise. Non loin de là des boutiques dont le fameux Le Tao, une biscuiterie très réputée.

Assurance !!! Notre compagnie d’assurance nous lâche 3 semaines avant d’arriver à Otaru. Notre contrat ne couvre pas les States. 3 semaines de questions aux autres voiliers en majorité anglo-saxons, 3 semaines d’envois de mails à différentes compagnies, 3 semaines de brain-storming pour le skipper.  Et enfin une réponse, nous avions oublié le délai d’attente dû aux grands weekends de congés. Et trouver un gréeur qui doit venir vérifier notre gréement qui a 11 ans. Ok, nous avons l’attestation mais n’avons toujours rien réglé. Nous pouvons quitter le Japon, nous sommes couverts pour le pays de l’Oncle Sam et le Canada.

MANEVAI Japan Yacht Rally in Otaru 0607, Merci à Kamata San pour cette superbe vidéo de ManevaÏ quittant Otaru.

Attente d’une fenêtre météo. Nous en profitons pour travailler à bord, écrire ce texte qui va clore 3 mois de découvertes au Japon, remplir les coffres pour 30 jours, faire les dernières lessives, une saison plus fraiche nous attend au nord…

Nous quittons Otaru marina en disant au revoir à Miko et au président des régates , celui ci se précipite vers son bureau pour revenir avec un magnum de saké qu’il nous offre.


Dimanche 08 juin. Nous sommes 9 à Wakkanai. 8 pour s’élancer vers le NE.

Application No Foreign Land.

 

Un autre du nom de Gans descend lui, vers les Philippines. Et en bavardant le premier soir nous nous sommes découvert des amis communs. Lorsqu’ils ont dit qu’ils avaient hiverné leur grand voilier à Sitka, ils m’ont parlé de Thimbleberrybay. Yes, mais c’est la maison de Frances, Krystina et Érik où nous avions hiverné Manevaï en 2016/2017!

Lundi 09 juin dans l’après-midi, appareillage après toutes les formalités. Depuis notre arrivée à Wakkanai nous entendons des voix russes sur la VHF.

Le sud de l’île de Sakhaline se trouve à 43km du nord d’Hokkaido par le détroit de La Pérouse.

À Wakkanai tous les papiers que nous avons remplis pour notre sortie étaient dans les deux langues mais heureusement quelques personnes parlaient anglais, un peu. Étonnées que nous soyons américains ou européens.


Le départ de Wakkanai est bizarre : dire au revoir et à bientôt aux amis alors que nous ne savons pas cette fois-ci si nos routes se croiseront. S’extraire du bassin avec un vent de 25 nœuds dans le port mais les amis sont là pour nous décoller de Kuaka contre lequel nous étions bien appuyés. Et c’est l’envol vers le Nord-Est.

www.manevai.fr

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