Hamada. Une escale pour la nuit dans une darse bétonnée et nous avons le temps de faire un petit ravitaillement. Les pêcheurs à la ligne sont autour de nous sur le quai et encore tard dans la soirée nous apercevons leurs bouchons lumineux rouges ou verts flottant sur l’eau. Deux voiliers sont arrivés discrètement alors que nous étions déjà endormis.

Le 8 mai nous sommes en mer pour nous rendre à Yunotsu. Manifestement nous ne sommes pas les seuls à viser ce petit port dont l’entrée est bien dissimulée. Pas de problème pour nous aligner tous les 3 au même quai.

Un patron de pêche vient bavarder avec nous, accueillant, « Take it easy ». Nous pouvons nous mettre où nous voulons et disposer nos aussières comme nous l’entendons. Ce que nous ferons le lendemain pour ne pas être une fois de plus collés au quai par le vent. ‘Bloomers’ choisit d’aller sur le mur d’en face, le Japonais choisit de mouiller près du quai. Réputée pour ses Onsen (bains d’eaux chaudes riches en minéraux), dont un est classé au patrimoine national, la ville est aussi connue pour sa fameuse mine d’argent. Nous nous régalons en admirant les maisons traditionnelles, aux toits de tuiles orange cette fois-ci, et les entrepôts des marchands.

 

Beaucoup de maisons sont endormies, sont-elles réveillées en été ou vont-elles subir le sort de millions d’habitats abandonnés du pays ?

En revanche la petite ville s’anime chaque samedi soir pour le spectacle très prisé d’Iwami Kagura. Une des formes de théâtre les plus anciennes et les plus vénérées. Rapide, exaltant, coloré et dynamique l’Iwami Kagura est un genre inoubliable de théâtre-danse masqué…Manifestement certains spectateurs sont des habitués.

La troupe est locale, les masques en papier washi sont fabriqués dans les ateliers du village, les costumes sont richement ornés d’or et doivent peser un poids certain. Les 4 dragons se déplacent en trainant leur queue de17mètres de long. Nous sommes pris par le spectacle à la mise en scène bien rodée, pas de temps morts, des duels en forme de danses, les gestes sont assez lents, répétés. Derrière les acteurs du mélodrame sont placés les musiciens habillés de jupes bleues et chemises blanches plus bonnets noirs sur la tête.

Les scènes sont faciles à suivre, d’un côté les vauriens, de l’autre les héros, d’un côté les démons, de l’autre les dieux.

Plus notre petit pêcheur, Ebisu Sama, un peu Guignol.

https://youtu.be/SuRB-CqXyGU

https://youtu.be/PVwE_1hdwsg

Etomo. 11 mai. Où se mettre ? Nous tournons dans les différents bassins pour finalement nous poser au quai prévu pour les bateaux de passage. Deux vieux japonais viennent nous accueillir et nous racontent de tas de choses, ils oublient seulement que nous ne comprenons pas leur langue.

Départ aux aurores, notre fan club va être déçu de ne pas nous trouver ce matin, les deux hommes nous avaient proposé de nous livrer de l’eau potable. Ils étaient tellement gentils.

Mer 4, voilure réduite. Un transit un peu musclé.

Shibayama.12 mai. D’abord éviter les parcs à poissons signalés sur NewPecsmart. L’entrée de la ria est bien défendue par des silos en bétons en ligne pour casser la houle. Une arrivée de nuit assez facile. Les quais sont bien éclairés et nous y passons une nuit bien au calme.

Au réveil.

Le marnage est seulement de 25 cm alors que nous sommes en vives eaux !

On reprend notre route. Une petite intervention sur le bras du pilote automatique, heureusement la mer et le vent se sont calmés par rapport à hier. Écrous et rondelles se sont desserrés et sont tombés dans les fonds, conséquence de la navigation un peu brutale d’hier. Il faut revisser et tout remettre en place.

Ine.  13 mai. Un bijou ! Elsa (du voilier Bloomers) nous accueille sur le quai. Un peu dépitée que ce port soit aussi touristique. Comment ne pas figurer sur les guides de voyage alors que ce village de pêcheurs est si exceptionnel ? Les Funayas, maisons en bois, sont construites entre la rue et la mer, un espace dédié pour abriter la barque, le logement étant situé au-dessus. Les embarcations ayant pris de l’ampleur, elles sont à présent amarrées au petit quai du propriétaire et le hangar a été récupéré pour usage d’entrepôt ou pour gagner une pièce supplémentaire.

Beaucoup sont reconverties en restaurants, petits hôtels ou Airbnb.

A l’office de tourisme les vélos sont en libre accès et nous en empruntons deux pour la journée. La responsable a aussi cherché pour nous où nous amarrer à l’escale suivante mais il n’est pas possible de s’abriter à Kanazawa, trop de passage de cargos en tout genre qui livrent du matériel de reconstruction pour la région plus nord victime d’un tremblement de terre il y a 3 ans.

Deux jeunes de Perros Guirec, Marine et Julien s’intéressent à nous, c’est un plaisir d’échanger avec eux.

Puis en sortant du restaurant le soir nous sympathisons avec des Québécois. Dommage nous aurions pu passer la soirée ensemble si nous avions osé aller à leur rencontre.

Ine est vraiment une escale agréable mais nous devons avancer et décidons d’appareiller après deux nuits à quai. Direction le port de Fukui pour nous rendre à Kanazawa.

Vous vous demandez peut-être comment nous choisissons nos escales. Il y a d’abord l’attrait touristique et historique pour un village ou une ville et la distance. Mais il faut terni compte de différents facteurs. Ne pas trop naviguer de nuit de peur de rencontrer un engin de pêche. Et la météo bien sûr consultée 3 à 4 fois par jour. Nos sources d’informations sont internet, un guide papier, le binder remis par le coordinateur du rallye, dans ce binder les quais sont marqués d’un point rouge ou bleu pour nous aider à nous amarrer sur le mur adéquat. Plus l’application Newpecsmart, indispensable pour la navigation. Tous les plans des ports y sont répertoriés et les fameux parcs à poissons (ou à huitres comme devant Hiroshima). Tous les ports du Japon nous sont ouverts car nous sommes détenteurs du permis de naviguer le Naïkosen. Il y a encore quelques années il était très compliqué de naviguer le long des côtes, il fallait en quittant un quai donner sa destination et son heure d’arrivée pour le prochain port. La population étant en déclin, le nombre de bateaux de pêche diminue aussi. Les infrastructures sont colossales pour protéger une rade qui est morcelée en plusieurs bassins par des murs épais et hauts et nous trouvons toujours de la place.

 

www.manevai.fr

 

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