Avant d’arriver à Nagasaki, nous longeons une île bizarre, ambiance sinistre.
Hashima. Gunkanjima, île cuirassée. Silhouette en forme de navire de guerre. Un filon de charbon y avait été découvert et il fut exploité par la société Mitsubishi employant des prisonniers condamnés aux travaux forcés. Durant la seconde guerre mondiale 800 travailleurs coréens sont envoyés sur l’île. Plus de 120 y sont morts. Après la guerre la population augmente rapidement 5300 Habitants pour 6,3 ha. Hashima connait ensuite un déclin rapide avec le remplacement de la houille par le pétrole comme principale source d’énergie.
Nous avons longé l’île et avons été surpris de constater que ce lieu était devenu une attraction touristique. Tous les bâtiments sont en ruine, éventrés. L’île est à présent abandonnée mais a servi de décors au film d’animation « l’île aux chiens » et « Skyfall » avec James Bond.
Pour les deux premiers jours nous accostons Manevaï à Sunset Marina. Accueil adorable. En bus à une heure de route, nous commençons notre découverte de Nagasaki.
Entre Sunset Marina et Nagasaki.
Puis une fois installés dans la petite marina de la ville et bien à l’intérieur des pontons nous continuons notre découverte. Ville passionnante. Ici, nous avons rendez-vous avec l’Histoire.
Bien sûr le musée de la Bombe atomique, le Parc de la Paix, le parc de l’Hypocentre, le Mémorial, mais aussi le passage des Portugais, le séjour des Hollandais… le quartier chinois puis la présence anglaise sur les hauteurs…
Musée de la Bombe atomique, 9 août 1945, 11h02, une bombe est lâchée sur la ville de Nagasaki. 80 000 morts.
Ce musée construit pour rendre hommage aux victimes et aux survivants de la bombe atomique a pour objectif : contribuer à l’abolition des armes nucléaires et établir une paix durable dans le monde entier. Il faut lire ‘L’enfant de Nagasaki ‘ de Peter Townsend pour vivre les évènements.
Pourquoi les Etats-Unis ont-ils pris la décision de bombarder Hiroshima et Nagasaki ?
Le président Truman prend la décision de bombarder le Japon afin d’éviter un débarquement de troupes américaines qui coûterait de lourdes pertes de jeunes hommes. L’empereur et son cabinet envisage une reddition mais le clan militariste veut poursuivre la guerre, persuadé que les Japonais, pourtant très affaiblis, se battraient jusqu’au bout pour leur pays. Et qu’ensuite il serait plus facile d’envisager une paix honorable. La plupart des objectifs militaires se trouvait dans des zones d’habitations.
La ville de Nagasaki était un deuxième choix, Kokura aurait dû être bombardée mais était couverte de nuages. Le 09 août 1945, Nagasaki connaissait elle aussi un ciel couvert mais le pilote était à court de carburant et ne voulait pas rentrer avec son « chargement ». Dès qu’il aperçut quelques bâtiments, il lâcha sa bombe. Il était 11H02.
Sur 195 000 habitants, il y eut 50 à 60 000 victimes dont 15 000 morts sans compter les cas ultérieurs de cancers ou autres effets secondaires.
Nagasaki avant le largage de la bombe.
Nagasaki après le largage de la bombe.
Le déjeuner d’une enfant, le riz est calciné.
Bouteilles fondues par la chaleur dégagée.
Nombres de têtes nucléaires par pays.
Les grues, “symbole de paix” réalisées en origami. Voir Hiroshima, chapitre suivant.
La perspective de la Paix.
Dejima. Petite île artificielle maintenant enclavée dans la grande ville. Pendant plus de deux siècles, le fameux Sakoku, le Japon était pratiquement coupé du monde. Les visiteurs et les idées étrangères étaient bannis par le shogun régnant et les Japonais eux-mêmes n’étaient pas autorisés à quitter le pays. Le seul lien officiel avec le reste du monde était Dejima, close et surveillée, située dans le port de Nagasaki. Elle accueillit d’abord les Portugais, (1634/1641) qui furent expulsés de peur que leurs idées propageant leur foi religieuse ne créent des troubles. Les Hollandais furent autorisés à commercer (pendant 200 ans) enfermés à Dejima.
En revanche plaisirs de la bouche et autres étaient autorisés.
Les provisions étaient livrées…
les Geishas aussi.
A l’entrée d’une des maisons-musées.
Transport de la porcelaine.
Église Saint François-Xavier.
La Cathédrale d’Oura. Témoignage de la fin de la clandestinité des chrétiens.
Glover Garden. Les Anglo-Ecossais, commerçants, hommes d’affaires, arrivèrent plus tard à Nagasaki à la fin du Sakoku (cette fameuse période de fermeture du Japon à l’international). 1853, ils installèrent leurs luxueuses maisons de style colonial sur une colline, maisons que l’on peut visiter.
Glover, le plus connu, était un importateur écossais, d’abord le thé puis les armes à feu. Puis responsable de la construction de la première voie de chemin de fer du Japon…
Glover House.
Quartier chinois. A l’exception des Hollandais, les Chinois furent les seuls commerçants autorisés à s’installer dans Nagasaki durant le sakoku. La culture chinoise a d’ailleurs largement contribué à la prospérité de la ville.
Collégiens en uniforme près du quartier chinois.
Nagasaki by night.
10 avril. Dommage il nous faut quitter Nagasaki plus tôt que prévu pour avancer et nous mettre à l’abri. Nous visons Hirado. D’abord le nouveau ponton de Tasuké puis le ponton de Hirado à une distance d’un nautique.
Port de Tasuké.
Familles invitées à visiter nos deux voiliers.
Le port vu du sanctuaire Hamao.
A Tasuké, nous faisons la connaissance de Christine et Tsugio qui tiennent le seul restaurant du village. Akashiya.
Nous y sommes le soir même et visitons la maison, lieu de rendez-vous des samouraïs (dont Saïgo, Okubo et Kido). Bien sûr des tatamis en natte dans les pièces, des cloisons qui coulissent mais aussi des escaliers dérobés pour permettre aux comploteurs de s’échapper.
Puis amarrés au ponton à Hirado nous recevons à bord pour un breakfast, nos deux amis du restaurant, accompagnés de leur ami musicien, joueur de flûte, et son épouse. Un régal. Christine se prête au jeu de l’interprète et explique. Le joueur de flûte nous joue la Marseillaise qu’il a dû travailler quelques heures avant.
Hirado est une petite ville aux anciennes maisons en bois, blanches et noires. Tout est entretenu, dommage que quelques constructions contemporaines s’intercalent entre les rangées de vieilles maisons. Des petits restaurants, quelques magasins bazars, une supérette, une boulangerie (ouverte deux jours par semaine). Un office de tourisme super agréable et compétent qui nous donne l’autorisation des rester six jours dans le port vu le coup de vent qui s’annonce.
La responsable de l’office de tourisme.
Ici la pièce maîtresse est le château construit sur une pointe dominant toute la baie pour surveiller les eaux en contrebas. Bâti en 1599, le donjon abrite à présent des armes, des armures du clan Matsura, des vidéos-fresques de l’histoire du Japon et bien sûr une vue à 360 ° sur la baie.
Autres musées :
Le Matsura Historical Museum : la maison du clan Matsura qui a régné sur Hirado à partir du XIIème siècle jusqu’à l’abolition du système féodal en 1871. Une des premières familles à profiter de produits de luxe tels que le sucre.
Le Dutch Trading Post. 1609, deux navires hollandais abordent Hirado. Avec l’aide de William Adams et de la famille Matsura, ils obtiennent la permission de s’établir ici pour commercer puis le poste sera fermé et détruit. Les commerçants seront ensuite envoyés sur Dejima island et ceci jusqu’en 1868.
Des temples, des églises dont celle dédiée à Saint Francois-Xavier, des jardins, la fin des cerisiers en fleurs…
Les azalées japonaises.
Le personnage le plus connu est Andrew Williams, anglais de naissance, embarqué à 34 ans sur un navire hollandais qui fit naufrage en 1600 sur l’île de Kyushu. Il adoptera le style de vie japonais, se mariera avec une Japonaise fille d’ un noble samouraï, il a interdiction de quitter le japon et de rejoindre sa première épouse. Il deviendra le conseiller personnel du Shogun, favorisera l’installation des marchands portugais puis hollandais et sera le seul occidental à devenir Samouraï sous le nom de Miura Anjin.
La maison de Miura Anjin transformée en pâtisserie confiserie: Tsutaya.
Films : Shogun, The english Samuraï.
Saint François-Xavier est venu ici plusieurs fois lors de son séjour au Japon en 1550/1551. Arrivé sur l’archipel en 1549, le prêtre jésuite a joué un rôle majeur dans l’introduction du christianisme dans la région de Hirado, le christianisme y a pris racine profondément et les chrétiens cachés ont préservé leur foi pendant des siècles malgré l’interdiction et les persécutions. La première église du Japon a été construite ici. C’est aussi à cette période-là qu’arrivent les Portugais avant d’être exclus du Japon, leurs familles étant exilées à Jakarta.
Un restaurant à conseiller à Hirado. Le Tsubaki dans la rue principale. Dix places. Un enchantement pour le palais et les yeux. Demandez le menu surprise.
Sources : Peter Townsend (l’enfant de Nagasaki), nippon.com, Wikipédia…
www.manevai.fr