Retour en images sur la tentative 2014 de passage du Nord-Ouest

Appareillage
Manevaï a appareillé de Brest le 17 mai 2014, cap plein nord, pour arriver début juillet en vue des côtes du Groenland. Cette période d’un mois et demi est passée très vite, trop vite tant il y avait de choses à faire et à voir.
La mer d’Irlande est déjà un bassin de navigation dépaysant. On y trouve des phoques comme à Wexford!
Avec l’Ecosse changement de paysage : la végétation se fait plus rare sauf à l’intérieur des terres et dans des passages “très” resserrés comme dans le canal de Crinan
Nombreux sont les mouillages grandioses et déserts comme ici à Røna.
Mais pour les amateurs de whisky mieux vaut avoir fait provision avant tant les taxes sont lourdes au pays des distilleries !
Les Féroé sont un autre monde, tout en nuances de vert et de gris et où il y a bien plus de moutons que d’hommes.
Ici Tinganes, le quartier historique de la capitale, Torshavn.
Cela se sent : le climat devient plus rude, mais le paysage en impose.
Avec l’Islande nous nous rapprochons de notre sujet : la glace n’est plus très loin. Là encore les paysages sont grandioses. Une saison complète de navigation ne suffirait pas pour en découvrir tous les charmes comme ici à Hvammsey.
… dotté d’un Hotty Potty baignoire “géothermique” naturelle et très prisée des locaux.
Arrivée le long des côtes du Groenland début juillet après une belle raclée, 36 heures à la cape dans le sud du cap Farewell, décidément mal nommé. Nous voyons nos premiers glaçons flottants : growlers ou bourguignons comme le disent nos amis québecois.
Le mois de juillet se passe à remonter le long des côtes du Groenland, dans des paysages tous plus majestueux les uns que les autres.
De véritables porte-avions de glace. La région de Disko, Ilulissat en est la plus grosse fabrique mondiale.
Après Upernavik, traversée de la mer de Baffin. Nous ne pouvons nous arrêter à Pond Inlet, encore englacé aussi nous nous dirigeons vers Dundas Harbour. où nous avons la surprise de trouver trois autres voiliers au mouillage. Demi-surprise en fait puisque nous savions qu’ils étaient sur zone mais les rencontres sont rares dans ces contrées ! Et comme la saison est courte et que l’entrée est étroite, il y a embouteillage !
Courte escale. Cap vers l’ouest même si le passage n’est pas encore ouvert. Peu de vie à terre, mais ce n’est pas le cas en mer !
Rapidement la glace ralentit notre progressionIl faudra six jours pour faire les derniers cinquante nautiquesEt pousser un peu de glace !
Pour arriver le 8 août à Beechey Island,
Haut lieu de la saga de l’histoire du passage du nord-ouest.
Et en particulier lieu d’hivernage de l’expédition de l’Amiral John Franklin en 1845. Cinq hommes de l’expédition décéderont pendant cet hivernage et seront enterrés sur place.
Nous patienterons deux semaines sur place. Ni Peel Sound ni Prince Regent Inlet, les deux voies d’entrée possibles ne s’ouvrent. Le 21, départ vers Pond Inlet pour ravitaillement.
Sur la photo les deux Garcia ayant tenté le passage en 2014. “Aventura 4” de Jimmy Cornell et “Manevaï”.
Le 21 août, départ vers Pond Inlet pour ravitaillement. Deux événements exceptionnels nous y attendent. Le ravitaillement annuel (oui annuel) du supermarché et des habitants (Il vaut mieux anticiper la commande si l’on doit remplacer la moto neige !)
Et la visite du premier ministre. Ici ce ne sont pas les tapis qui sont rouges mais les embarcations.
Ravitaillement en vivres et en gazole : vive les dériveurs intégraux qui permettent de se brancher directement sur le camion : cinq cent litres par jerricans c’est moyen !
Le 26, la situation est toujours bloquée, les avis des spécialistes sont tous pessimistes sur la possibilité de franchir le passage cette année. Nous quittons la zone et ses lumières fabuleuses le coeur gros.
Le 28 août, ouverture de Prince Regent qui se referme le 30 août ! Réouverture du 8 au 17 septembre. Avec un mois de retard sur la norme. A posteriori, le passage était donc praticable cette année mais a priori, le risque d’avoir à hiverner sur place était très important. Et de fait, les trois voiliers qui l’ont franchi dans le sens est-ouest avaient tous acceptés délibérément ce risque.
Le mois de septembre est consacré à la descente du Labrador. C’est un retour progressif vers un monde moins sauvage.
Pensant arriver dans un mouillage désert à Hébron (un petit peu au sud de Jérusalem, si si !)
nous tombons sur l’une des huit missions moraves du Labrador dont les bâtiments sont en pleine restauration.
A partir de Port Manvers, nous commençons même à revoir des arbres : c’est beau un arbre ! Mais le climat reste rude.
Le Labrador s’est construit autour de la pêche à la morue. Battle Harbour en a été le plus grand centre. C’est aujourd’hui devenu un musée.
J’avais un grand respect pour les pêcheurs de morues travaillant dans cette zone, il est encore plus grand maintenant et je sais pourquoi. Même si leurs navires sont superbement décorés les conditions de pêche sont particulièrement rudes.
Mine de rien nous étions remontés assez loin, Beechey Island est bien plus près du détroit de Béring que de Terre-neuve et le temps passe. Et chacun dans l’équipage doit vaquer à ses obligations. De cinq au départ de Brest nous n’étions plus que quatre pour le grand nord, puis deux pour le Labrador. Et c’est finalement seul que j’entreprends la traversée retour de l’Atlantique fin septembre à partir de Saint Jean de Terre Neuve.
Saint Jean est un port très actif, de commerce, pour la Marine canadienne, de pêche, offshore. Mais aucune marina, juste le “Queen’s wharf” pour accueillir un voilier. Mais c’est dans un jardin et en pleine ville..
Route sud par les Açores car on est déjà tard en saison. Après une traversée du Gulf Stream un peu agitée et une tentative avortée de mouillage à Flores (trop agitée), arrivée le 8 octobre à Horta, lieu mythique pour les navigateurs.
Une semaine de vacances en famille, c’est le plein été pour moi !
On ne peut aller à Horta sans satisfaire à deux traditions : aller saluer Peter au “café Sport”, le plus célèbre bistrot du monde et y accrocher le guidon du bateau et peindre une œuvre d’art sur la jetée du port,
Missions accomplies !
Appareillage pour Angra do Heroismo sur l’île de Terceira. Ville superbement reconstruite à l’identique après le tremblement de terre qui l’a fortement endommagée en 1980. Un régal pour ceux, qui comme moi, aiment le Portugal.
Dix jours de patience pour attendre que les vents tournent enfin à l’ouest – il y a pire comme endroit pour patienter !
Ci-dessus le palais Bettencourt, aujourd’hui bibliothèque municipale.
Puis retour Brest après un crochet imprévu par la Corogne pour réparer un radar récalcitrant : 82 furieux déboulaient dans le golfe de Gascogne pour cause de Route du Rhum, il valait mieux assurer l’anti-collision pour le solitaire que j’étais.Retour Brest le 11 novembre après avoir parcouru 11 500 nautiques et ramené un bateau en parfait état.Le passage du nord-ouest n’a pas été franchi, mais cela a quand même été une grande et belle aventure.