Prince William Sound again.

Nous quittons au matin New Chenega  après avoir posté une carte pour nos amis de Kodiak, ce n’est pas Terry qui est de permanence. Mais  toujours le même message à la poste, nous vous en avons déjà parlé eh eh eh.

Ce message là il est sur le port.

Les travaux de la Community House ont avancé.  Le pêcheur, notre voisin de ponton parle un peu notre langue, il a  vécu en France comme charpentier, a été missionnaire au Sénégal et vit dans une Cabin du côté de Wrangell sans électricité sans Internet etc. Rien d’extraordinaire ici ! Il nous conseille de longer la côte pour pêcher. Qu’à cela ne tienne nous mettons deux lignes à l’eau, les saumons sont fous de joie, ils sautent tout autour de nous mais au bout d’une heure  nous nous sommes toujours  bredouilles quand…

les 5 dernières minutes (ce sont toujours celles-là les meilleures),

 

nous en attrapons deux et de belle taille, le plus grand fait 67 cm. Éric les nettoie et trouve leur dernier repas dans leur estomac.

Yes !!!Nous sommes supers fiers de nous, huit filets, nous risquons de nous lasser non?  Un Gravlaks, un doré à la poêle, un au grill, un braisé au bacon et champignons,… les restes dans les pâtes.

Snug Corner Cove. Eric a dans l’idée d’échouer Manevaï le lendemain là où Cook a caréné sa Résolution il y a à peu près 250 ans. Mais c’est super crowdy ici ! Et nous ne voulons pas être l’attraction des trois bateaux et  des quatre cabins. Moi j’estime que nous ne sommes pas obligés de suivre les traces de Cook !

 

Comme  nous avons du temps avant d’arriver à Cordova nous en profitons pour faire une calibration du loch et du compas avant d’arriver à Olsen Bay (pour mémoire, la déclinaison est ici de l’ordre de 20°E).

Voilà ce que cela donne.

Le guide des mouillages nous promet un « dramatic scenic » mais wallouh on ne voit rien du tout.

Temps bouché, animaux rentrés. Tiens un autre voilier mais la météo ne se prête pas aux échanges.  L’eau est quand même à  16°C. Le lendemain nous faisons connaissance avec  Sandrine et Jean-Yves, voilier L’Ile d’Elle, au bord de la rivière à saumons. Des poissons partout qui tentent de remonter  mais la marée est basse et ils s’épuisent, se laissent repartir dans le courant descendant, s’échouent sur le bord  et sont les victimes des mouettes qui se régalent de leurs yeux et de leurs joues.

Balade qui devait durer une heure et qui en a duré trois car nous avons bavardé, nous nous sommes dit au-revoir et à bientôt à Cordova, Éric au retour s’est enlisé et a eu le réflexe de s’asseoir dans l’eau, il a ainsi sauvé ses bottes et son sac à dos avec appareil photo à l’intérieur. Nous  sommes revenus sur nos pas pour tenter de pêcher une femelle (Pink ou Chum) pour recueillir ses œufs. Malheureusement on ne voit que des mâles (ils ont le ventre plat !). Qui nous a dit que les femelles se faisaient toujours attendre ? Donc pas de dégustation d’œufs, dommage Sandrine avait une bonne recette.

Appareillage. Loutres adorables protégeant leur petit à notre passage.

“Vite je m’écarte…”

Un régal de tendresse.

Un peu plus loin des senneurs  attendent le feu vert pour pêcher et s’élancer avec leur filet et leur skiff en longeant les côtes de très près.

Tandis que le bateau mère se présente.

La mer est calme, le ciel coton gris clair, la brume s’accroche aux montagnes d’épicéas vert foncé. Les mouettes aussi attendent leur pitance, pas d’orques, mais nos amies loutres sont là et les otaries fidèles au poste sur la bouée verte à l’entrée d’Orca Bay.

“Mais laissez-moi un peu de place !”

« Qui va à la chasse perd sa place ! »

Samedi.

Une journée à Cordova, Library pour Internet, celui que nous avons acheté pour 24h n’ayant pas assez de débit. PTT puis retour Library, puis gazole avant 17h, il faut sortir du port, revenir vers l’entrée, manœuvre compliquée, les pontons sont hauts sur pilotis, pas prévus pour la plaisance et il y a beaucoup de courant à contrer.  Puis ravitaillement  et appareillage. Nous passons dire au revoir à « L’Ile d’Elle » arrivée au mouillage quelques heures plus tôt, Sandrine me dit avoir déjà repéré la boutique aux jolis vêtements. Nous allons tenter de sortir par les bancs de sable. Ce qui nous vaut une belle balade de 2 heures, il fait très beau,  des loutres en profusion, un jeune ours très noir à la truffe blanche.

Le fond remonte, redescend, les cartes sont précises jusqu’à l’estuaire où là il nous faut chercher le bon passage, les bancs de sable bien sûr bougent  au gré des marées et des tempêtes. Et finalement nous renonçons à franchir la barre. Deux mètres d’eau annoncés par le sondeur, Manevaï dérive relevée cale 1,04 m mais quelques vagues déferlent  devant nous et nous n’avons pas l’expérience des gens du coin.

Dimanche 30juillet, Boswell Bay. Journée de bulle.

Le vent d’ouest qui devait nous emmener à Yakutat est effectivement là mais dehors. Ensuite il tournera et sera dans le nez. Nous prenons du retard sur le programme.

Lundi 31 juillet. Pas de bulle. Petit déjeuner en attendant la marée haute et en avant lente, nous amenons l’étrave de Manevaï  sur la plage en pente douce, le sondeur annonce, 1m10 et le nez de Manevaï stoppe dans le sable. Beaché !

Une trentaine de minutes plus tard nous pouvons commencer à frotter le fond de la coque, pas la quille, je vous rappelle que notre voiler est un dériveur. De petites particules d’or jouent au gré des vaguelettes sur le sable foncé.

Les saumons sauteurs nous tiennent compagnie, c’est du Pink dit un habitant d’une cabin. Les pêcheurs les dédaignent et préfèrent aller plus loin à l’embouchure de la Copper River pour pêcher du Sockeye (le Red). Il est venu bavarder sa thermos à la main, « Oui la passe pour la prendre il faudrait que vous suiviez une annexe de Senneur ». Nous ne retenterons pas, le créneau est passé.

Toute la journée nous frottons, grattons, lavons et rinçons les œuvres vives, les œuvres mortes et l’annexe. Et un lumbago pour compagnie le lendemain. Au-dessus de nous beau temps et vent d’ouest, à  Cordova les nuages s’amoncellent, il va pleuvoir.

Sur la route de retour les gillnetters foncent fullspeed après avoir déposé leurs prises dans les soutes des bateaux mères qui attendent en eau plus profonde.

Eux ils ont 30 cm de tirant d’eau (ils sont propulsés par des hydrojets), je les appelle les mobylettes de la mer mails ils respectent les voiliers et ralentissent à notre approche. Eric rêve devant ces petits bateaux. (On aurait dit qu’on habiterait ici, toi tu aurais un gilnetteur et moi j’aurais un petit hydravion… dans une autre vie peut-être.)

Nous n’essayons pas de couper dans le chenal et suivons les bouées rouges à tribord et vertes à bâbord sagement, pour venir mouiller à côté de « L’Ile d’Elle ».

Back again again in Cordova.

Le lendemain vous avez eu de nos nouvelles et nous nous sommes attaqués au blog toujours à la bibliothèque. Et nous avons retrouvé Davin (vous vous souvenez, le jeune en mode commando rencontré au lodge à Thumb Bay) sur les pontons accompagné de son patron, le propriétaire du lodge justement. Le soir dîner avec Sandrine et Jean-Yves qui attendent leurs amis de Patagonie et de Paris. Nous avons beaucoup à apprendre à leur contact car la Patagonie c’est leur habitat depuis de nombreuses années. Et le pain ! Ils apportent  des œufs de saumon, du saumon fumé en fines lanières et du pain extraordinaire dont elle nous donne la recette.

« Le saumon, vous dis-je, le saumon !»

Nous espérons mouiller à Constantine Harbor  mais nous arrêtons un peu plus tôt à Deer Cove car le courant est contre nous, nous avançons  à petite allure et il est tard.

Nous sommes impatients d’essayer la recette de pain de Sandrine, a running Bread ! Prochaine fois nous mettrons la préparation dans deux moules…

Au matin c’est un véritable spectacle. Des  lions de mer « chahutent avec fracas, cas cas cas… » dans le kelp. « Ils sont bien curieux ces sea-lions , toujours le nez en l’air. Réponse d’Eric : oui il faut aussi qu’ils respirent …»

Nous quittons Prince William Sound, the sound of sadness, le cœur serré, c’était notre terrain de jeux, nous avons essayé de vivre en symbiose avec les habitants et la nature. Nous y étions comme un saumon dans l’eau.

Nous retrouvons la houle du grand large, des marsouins de Dall ne nous laissent pas le temps de les admirer, ils sont passés. Le vent est d’ouest, 24h poussés par Eole puis tout se dégonfle donc pas d’arrêt à Yakutat dommage.

Le coin navigation où Éric cogite. Pendant les quarts nous vérifions notre route, nous surveillons la route des autres navires. Et nous assurons la veille par les hublots ou dehors dans le cockpit.

Le quartier maître Perkins prend la relève pour 24h. Et cap sur l’entrée de Cross Sound.

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