Juillet 12, 13,14 (pavoisé),15,16,17,18

Arrivés le 12 dans l’après-midi. Recherche d’un salon de coiffure, une dame se propose de m’aider. 1er salon pas de place nous passons une demi-heure ensemble, nous sillonnons Kodiak, elle me raconte la vie ici. Le tremblement de terre de 1964,  9,2 sur l’échelle de Richter, et le tsunami qui a suivi. Elle est d’origine Alutiiq et suédoise. Et nous en oublions de nous présenter, je ne sais pas son nom, elle ne connait pas le mien et j’ai oublié de lui donner notre carte de visite pour suivre ManevaÏ. Et un des deux salons rappelle Eric pour lui donner deux rendez-vous.

C’était ce matin 11H. Jolies coiffeuses connaissant bien leur métier, joli salon ayant vue sur le chenal d’accès au port.

j’ai des cheveux épais, oui ils sont secs, oui je ferai attention… J’encourage ma petite coiffeuse à couper plus court, aie un peu trop court au sommet du crâne, « s’il vous plaît coupez aussi court de l’autre côté. Ah bon vous voulez la même chose de l’autre côté ? Oui ce serait quand même mieux. »

Vous connaissez la différence entre une coupe ratée et une coupe réussie ? 15 jours !(dixit Erik  de Jong qui se coupe lui-même les cheveux…).

Et je ressors les cheveux gominés alors que j’ai demandé de la crème, « cream no gel », la frange plaquée à la Claire Underwood dans House of Cards, deux mèches de chaque côté à la Tufted Puffin  et de  la même couleur que les poils de mon chat. En fait c’est une chatte mais celle-là je n’ai pas osé vous la faire !

(Tufted Puffin)

Éric s’en sort mieux que moi. Deux coupes pour la modique somme de 88$ !

Déjeuner rapide nous avons rendez-vous avec Martine, Française installée ici depuis 16 ans. Son mari Joël est à la pêche jusqu’à dimanche avec un Français Michel qui vit en Allemagne. Nous sympathisons tout de suite et nous découvrons l’ile par la route sous un soleil comme il y en a rarement.

6000 habitants à Kodiak + 6000 Navy Seals et Coast Guards mais ces derniers vivent en autarcie complète. Les Navy Seals d’un côté en entrant dans la baie, top secret, et les Coast Guards de l’autre. Ajoutons encore pour faire bonne mesure une base de lancement de missiles (Eh oui, c’est l’Alaska la terre la plus proche de la Russie et de la Corée du nord). Ici la rue principale porte le nom de East Rezanov et West Rezanov, la rue longeant le port s’appelle Shelikov street. Les physionomies russes se reconnaissent très facilement, et si  les hommes se laissent pousser la barbe ils ont tout du moujik. Paysages encore extraordinaires,  un lieu destiné au rodéo. Un nid d’aigle comme un condominium (il y a plusieurs couples installés).

Quelques plages de sable noir même si elles s’appellent White sands, plages qui n’attendent que les pêcheurs de saumons et les ours qui attendent aussi les saumons dans le dos des pêcheurs, à voir sur les cartes postales car ce n’est pas encore la saison. Ouf !

Le terrain de golf a été aménagé dans la vallée des ours! Martine et Joël sont connus de tout le monde ici, ils avaient un restaurant, maintenant ils sont traiteurs, Joël a été sacré “meilleur apprenti” de France en cuisine il y a quelques années…

Le port s’est vidé ce matin. La pêche au saumon est autorisée pour 57 heures dans certaines zones et pour un peu plus dans d’autres à partir du 13 juillet.

En rentrant de balade vers 6h pm nous bavardons avec les moines du monastère orthodoxe. Shopping and washing day pour eux. Ils chargent la barcasse qui va les ramener dans Spruce Island où se situe leur monastère.

J’ai fait une tentative de vaisselle à l’huile d’olive, bizarre ce liquide ne se dilue pas bien. Je vous explique, dans le carré de Manevaï la cuisine possède 4 éviers 2 grands bacs et 2 petits juste derrière la robinetterie. Dans ces deux derniers sont  calées les bouteilles de vin, d’eau, d’huiles, de vinaigre et de produit vaisselle. Je vous fais un dessin ?

Voilà pourquoi je me suis emparée de la bouteille d’huile d’olive au lieu du produit à vaisselle, même couleur pour le liquide. La prochaine expérience sera la cuisine au produit vaisselle ! Claire rassure toi je n’ai pas gâché l’huile de Mirabel.

Vendredi  14 juillet. Pavoisé. Natasha et Josh viennent à notre rencontre sur le ponton pour nous congratuler pour le “Bastille Day”. Au vu de nos sacs à dos ils ont tout de suite compris que nous allions faire des courses et nous proposent leur voiture pour aller au SafeWay (3.5 miles tout de même !). Ils font du charter à bord de leur adorable yacht Samba et ils vont aussi faire des courses. Que demander de mieux ? Ils nous proposent le retour mais c’est Martine qui a promis de nous ramener. Mais ils ont des conseils à donner à Éric pour le Costa Rica.

Quelques courses l’après-midi pour les cadeaux de Noël. La hotte sera alaskane et on verra ensuite. Et je découvre la caverne d’Ali Baba «Rockery» sur le port. A ne plus savoir où donner de la tête et des yeux : de la laine, du coton, des bouquins, des idées …

Et comme Éric s’est abimé le front en rencontrant une étagère, le bobo est très visible et encore très frais, c’est moi que ne suis pas fraîche en le regardant. Dans le True Value en face du port un vendeur taillé comme un Wallisien lui propose une pochette d’antiseptique et un pansement. Ca arriverait chez nous ça ?

« Jade » le yacht de nos amis de Calédonie arrive, nous les rejoignons après le coup de main de jardinage promis à Martine.

Quelques nouvelles des Calédoniens restés sur le Caillou et l’on parle projets et balades déjà réalisées ici. Les otaries dans le port disputent aux goélands les morceaux de poisson.

Cet après-midi Baranov Museum.

Cet homme porte une médaille portant la date 1807 et les initiales « PAK »pour la Russian American Company. Les Russes donnaient ces médailles aux chefs des tribus en gage d’amitié.

Femme d’ Ykomoka Island (Chirikof Island-Kadiak).Cette femme porte un vêtement en boyau de phoque et une coiffure de danse faite de perles. Peint par Tikhnov 1789-1862 à bord du sloop Kamchatka.

Au Ilutiiq Museum, je reconnais la personne qui m’a baladée à notre arrivée, elle est dans le film qui présente la culture alutiiq. J’ai son nom ! Je lui laisse un petit mot sur la carte de visite de Manevaï et j’espère qu’elle l’aura un jour.  D’après Martine il y beaucoup plus d’objets d’art premier à Boulogne sur Mer, un passionné Alphonse Pinart, les y a déposés et cela les a sauvés du tsunami de 1964.

J’ai aussi fait un arrêt chez le bijoutier  très sympa, épouse Thaïlandaise adorable. La question de beaucoup de personnes ici « Comment faites-vous avec vos réfugiés ? ».  Que répondre ? Que nous voulons bien avoir des idées  généreuses mais que nous ne savons pas comment faire… La nuance est difficile à expliquer en américain.

Au fish shop nous rencontrons une petite famille de Français, je dis petite car ils sont plus jeunes que nous. Deux enfants en Xtratuf + 3 cousins + 3 adultes.  Sympa les vacances pour les métropolitains. Ils sont sur un Ovni 56 en croisière depuis cinq ans. Allez sur leur site «www.voilierbulle.com ».

Je vous parle des Xtratuf, ces bottes que tout le monde porte ici, sur les pontons bien sûr mais aussi en ville ou pour sortir le soir. Certaines doublées de tissus rigolos, en version été elles sont repliées et la doublure s’expose.

De toutes tailles, du bébé (sous forme de chaussons souples, on soupconne qu’ils naissent avec !) à l’adulte, tiens quelle est la pointure maximum ?

Pot à bord avec les 5 Calédoniens, nous fêtons l’anniversaire de Raymond. Super ils ont apporté une bouteille de champagne. Joël Marc me raconte sa jeunesse à Brest, Charles de Foucauld, la rue Louis Pasteur, le snobisme des jeunes filles brestoises qui dédaignaient tous les garçons sans uniforme (il a fait Santé Navale mais plus tard) et bien sûr nous nous découvrons des amis en commun. J’ai promis une photo portant le joli pareu du « Bout du monde », le repaire des « Frères de la côte » de Nouméa.

Dimanche soir, le clou de la journée, le dîner chez Martine et Joël. Michel et Joël rentrent de 10 jours de camping et de fishing. Ils étaient partis en hydravion dans le sud de l’île (pas de route) avec tente, bouteille de gaz pour le réchaud, pour le chauffage, clôture électrique et boules antimites contre les ours, cannes à pêche, glacières et provisions. (Tous les poissons pêchés les premiers jours sont pris en photo et relâchés). Nous sommes 7 à envahir leur maison. Quel dîner, une salade au saumon fumé un délice, des coquilles st Jacques, riz de l’Himalaya, épinards, une petite sauce fine accompagnant le tout, gâteau coco, et les fromages français j’allais oublier les fromages,  des convives très en forme, quelle ambiance, quelle amitié!

Lundi midi pot à bord de Jade et déjeuner à bord de ManevaÏ, 4 convives de moins partis faire un tour en hydravion.

Puis un petit tour au Safeway pour recharger les coffres en sucre, lait, pdt et pain. Un arrêt chez Marion qui m’offre des tonnes de salades variées et odorantes. J’admire ses jardinières plantées de légumes et sa green house où poussent la sauge, l’origan, la ciboulette…Sa maison est au bord du chenal d’entrée et en surplomb de la falaise c’est un spa ou un sauna qui est installé dans la gloriette.

Mardi 18 juillet

Joël est passé nous offrir du saumon du King et du Sockeye. Nous allons dire au revoir aux Néocalédoniens.  Véronique et Raymond sont partis pour Anchorage aux aurores, persuadés que leur billet était pour le lendemain, ils ont eu une belle émotion…

Mardi après-midi  Kodiak adieu…Les pêcheurs sont rentrés, la marina est pleine, le spectacle est splendide, tous ces bateaux de travail revenus, occupant les pontons, nettoyant les sennes, les ponts. Nous ne pouvons admirer les prises, les poissons transitent tout de suite dans l’usine proche de la marina.

Kodiak est l’île qui connut la première implantation russe avec le débarquement de Shelikov à Three Saints Bay en août 1784. A la recherche de loutres pour leur fourrure il fonda la première colonie russe et réduisit les natives en esclavage. Baranov déplaça le site sur l’actuelle Kodiak. Les membres de l’expédition prirent pour épouses des indigènes. Lors du rachat de l’Alaska par les Etats Unis si des Russes sont partis beaucoup sont restés. Les patronymes sont nombreux, la religion orthodoxe est majoritaire et les églises nombreuses.

Durant la seconde guerre mondiale Kodiak fut transformée par l’arrivée des troupes américaines, les Coast Guards occupent actuellement ce site. Beaucoup de bunkers sont visibles lors des balades et certains ont été aménagés en maison d’habitation.

Kodiak Island est  une île verte aux sommets peu enneigés en été et les collines sont couvertes de mousse ou d’épicéas foncés. Moins de 160 kms de routes. Oui il y pleut souvent et le climat permet aux potagers de fournir, aux jardins de fleurir, aux rivières d’héberger des saumons et aux habitants de vivre en harmonie, en réaction à la grisaille. L’explosion du volcan Mount Novarupta en 1912 a recouvert la ville de cendres qui continuent de filtrer par endroits, les photos au Baranov Museum montrent une ville sous la neige. Puis en 1964 le tremblement de terre, le tsunami  détruisirent  les maisons, les bateaux, les installations portuaires et une tempête acheva le travail en portant à la côte les embarcations qui n’avaient pas été endommagées.

 La ville de Kodiak est un grand port de pêche, c’est l’industrie qui fait vivre la région et peu de paquebots y jettent l’ancre, c’est une ville agréable à vivre : un centre près du port, une piscine récente, une magnifique bibliothèque où un poêle en hiver diffuse une agréable chaleur, un centre de recherches marines où des scientifiques se retrouvent pour des séminaires, une université, un centre pour personnes âgées, des activités manuelles. Bien sûr il faut être à l’affut des arrivages par bateau pour ne pas louper l’article correspondant à la saison ou l’emprunter aux voisins.

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