Taboga: Isla de las flores.

Près de l’entrée du canal de Panama à 7 nautiques sud-ouest de la Playita.

Durant la semaine Taboga est une île tranquille où la vie s’écoule doucement, « le weekend c’est un zoo ! » (Dixit le guide Cruising Ports de Capt. Pat Rains), envahie par les Panaméens.

La Flores, 900 habitants, est le seul village de l’île où ne circulent que des petites voitures de golf. Arriver par la mer est un enchantement, les maisons qui s’accrochent aux pentes de la colline sont toutes colorées, l’église domine par son clocher blanc.

La plupart des lanchas sont au mouillage, deux sont très actives, elles remorquent des touristes sur des bananes gonflables aux couleurs vives. Le chant des coqs se fait entendre lorsque la musique disco des bateaux s’interrompt.

Nous avons pu laisser notre annexe à la garde des militaires ou policiers sur le haut ponton prévu pour les ferries qui assurent les liaisons avec Balboa et La Playita. Tous les bateaux, particuliers ou touristes, avaient quitté les lieux, et le silence revenait doucement au mouillage. Nous avons profité de la dernière heure de clarté pour nous promener et découvrir le petit bourg. Une demi-douzaine de restaurants, un mini-super(market), quelques petits hôtels.

De belles plages de sable blanc dont la Restinga, facile à rejoindre du débarcadère du ferry pour profiter du banc de sable à découvert à marée basse qui permet de rejoindre El Morro de Taboga.

L’île est habitée depuis 1515. Francisco Pizarro y avait établi une base arrière pour sa flotte lors de la conquête du pays Inca. Le village a été fondé en 1524, l’église dédiée à Saint Pierre, nom originel de l’île, serait une des plus anciennes de l’hémisphère sud.

Saint Pierre.

Profitant de la brise qui souffle en permanence sur l’île, les Français construisant le fameux canal y avaient installé un hôpital pour soigner les ouvriers ayant contracté la fièvre jaune. Gauguin y a séjourné en 1887 et a pu y profiter des soins.

Des petits oratoires jalonnent notre balade.

La population de Taboga a doublé après les années 2000 et beaucoup de ces petites maisons typiques appartiennent à présent à des continentaux.

Las Perlas.

200 îles. Elles doivent leur nom à la culture des perles. Oui, une des plus belles perles « La Pérégrina » est originaire d’ici. Les histoires diffèrent. Certains racontent qu’elle a été volée par les conquistadors au roi Toé au XVI ème siècle et est arrivée plus tard en Angleterre, elle ornerait un des diadèmes de la reine Elisabeth II.

Wikipédia consulté hier soir, dès que j’ai eu du réseau, raconte qu’après beaucoup de « pérégrinations » cette perle a orné le cou d’Elisabeth Taylor sur un collier dessiné par Cartier. En 2011 les bijoux de l’actrice ont été vendus mais Wikipédia ne dit pas qui s’est offert ce somptueux trésor.

Arrivés la veille à Contadora de nuit après un bel orage qui nous a frôlés. Partis en maillot de bain, enfilé les cirés avec l’orage, un tour de rouleau dans le génois, pris deux ris dans la grand-voile, Manevaï file à 7 nœuds. Le radar nous permet de nous éloigner du centre de la perturbation. « Un orage se traite avec respect ». Le grain est passé. Nous découvrons le mouillage de Contadora, tournons un peu pour évaluer le fond et la houle. Ici l’eau est propre alors que sur notre route nous avons croisé de nombreux détritus flottants.

Le lendemain à part le transit entre Contadora et Casaya nous n’avons rien fait de la journée. Eric a remis la sonde de la caisse à eau et moi j’ai bullé.

Le soir descend sur notre mouillage, le silence est seulement troublé par quelques plongeons de pélicans encore affamés,

des grillons qui grillent, un fond sonore sur l’île aux pêcheurs et quelques mouvements de gros poissons chassant les petits. Nous avons tenté une balade à terre mais impossible de s’enfoncer dans le bush et en annexe avons cherché des singes er des oiseaux.

Après vérification, merci Marc D. nous avons débusqué un ibis. Difficile de croire que les Egyptiens en avaient fait un dieu.

  

C’était la fête au village, fête du saint Patron et nous n’avons pas osé faire les curieux.

Le lendemain appareillage pour Isla del Rey. Nous retrouvons l’ambiance des Inside Passages. Tout est vert, de la mangrove, des cocotiers, quelques plages de sable blanc. L’ouverture entre Isla Cana et Isla del Rey apparait. Nous approchons de la petite baie, un haut fond à trouver (sable ou roche ?) et nous apercevons le village. Des lanchas mouillées ou tirées sur la plage, quelques maisons colorées en bordure de plage, des cocotiers alignés, des chiens qui se chamaillent, des coqs qui se manifestent. On mouille à droite ou à gauche du gros rocher ? A gauche la houle est sensible, à droite on peut encore s’enfoncer vers la plage. Une visite de Loanna et son papa, peut-être pour nous dire qu’il n’y a pas beaucoup d’eau sous la quille « Es que no necesitamons mucha agua, la quilla está al interior del casco ».

Nous avons envie d’en savoir un peu plus. Luis nous propose des langostas, 6 pour 20 dollars, mais Luis que ferons-nous de 6 langoustes ? Alors 2 pour 10 dollars plus une en cadeau. Elles sont a priori trop petites pour être vendues à San Miguel. Faire de la monnaie, la mama vient ouvrir la tienda et je mets la main dans les toiles d’araignées pour extraire trois boîtes de sauce tomate panaméenne, non périmées je le signale.

Voici Puerco qui va être engraissé pendant un an avant d’être dégusté.

La tienda épicerie est juste derrière nous. Et les moustiques nous témoignent toute leur affection.

Le bateau ravitailleur passe tous les trois jours, comme il n’y a pas le téléphone la liste est donnée au passage précédent et tout est débarqué en lanchas, pour un frigo ou un lave-linge ça ne doit pas être commode. L’électricité est fournie par un groupe, nous l’entendrons tourner le soir, et par des panneaux solaires. L’eau non potable est récupérée des toits, l’eau potable arrive de la montagne à dos d’hommes puis en barcasse chargées de futs de 220litres. Herman le frère de Luis cherche à nous vendre des pastèques, nous acceptons un ananas et goûtons de délicieuses bananes. Nous l’avons vu préparer le riz, séparer le grain des tiges, humidifier les grains et cette portion de riz semée le lendemain ou le surlendemain nourrira une famille de 8 personnes pendant un an.

Mais pour cela il faut préparer le terrain, déboiser la colline et tous les ans recommencer. La pêche, la plongée, la chasse au nieque (agouti) et au porc sauvage avec de vieux fusils et les chiens,

l’agriculture: cocos , ananas, bananes, citrons, tarots…  80 personnes au village, 8 enfants à l’école jusqu’à l’âge de 7 ans.

La salle de classe.

Ensuite ils partiront à San Miguel et ne reviendront qu’aux vacances puis ce sera Panama. C’est la maman de Luis qui officie chaque dimanche, des missionnaires passent de temps en temps. Et pour la fête de la sainte patronne Notre Dame en février.

Nous partons vers San Miguel, c’est la « capitale ». Oui il y a plus de maisons qu’à La Ensenada, maisons accrochées à la pente de la colline, elles sont colorées aussi mais l’ensemble est un peu misérable. Où débarquer en annexe ? Impossible de faire rouler notre annexe sur le fond caillouteux. Une langue de terre est découverte à marée basse nous décidons que nous avons une heure pour visiter avant la marée. 

C’est le retour des courses et de la pêche.

C’est jour de grande lessive. Il n’y a pas d’eau potable, il ne pleut pas assez et le réservoir est vide donc l’eau arrive en bouteilles marque « las Alpes » et il faut gravir la rue en pente.

Sur le chalutier 3 personnes tapent la rouille sur la coque.

Les moteurs hors-bord sont remontés à dos d’hommes. Il y a un réseau électrique, des antennes satellites partout. Un jeune rapporte dans un sac des langoustes dont les antennes percent le plastique. Deux indiens ramènent un cageot de beaux poissons puis des poulpes mais ne s’arrêtent pas pour nous laisser les admirer et prendre en photo leur pêche. Peut-être sont-ils pressés de tout mettre en chambre froide avant le transport sur Panama?

Nous ne sommes pas à l’abri dans ce mouillage et décidons de revenir à Casaya non sans déposer notre casier à crabes avec la boite de whiskas bien sûr près d’un rocher repéré il y a deux jours.

Il faut songer au retour et nous revenons sur Contadora que nous voulons parcourir. Nous retrouvons Speedwell of Hong Kong, toujours discrète à bord la skipper. Un aéroport,

un mini super market, des routes goudronnées, des voiturettes de golf, de très belles maisons même pour le personnel,

et quelques animaux sauvages. Nous débarquons sur la plage de nudistes, personne sur le sable et débusquons un cervidé qui apeuré en 3 bonds traverse le chemin devant nous. Des agoutis qui se dandinent sur la route et se faufilent ensuite dans les fourrés.

Mais il y a aussi des programmes immobiliers abandonnés, un bateau de passagers échoué sur une belle plage.

Le dernier soir au mouillage nous sommes rejoints par le catamaran Lotus, blog Lotusausoleil, à qui nous devons remettre un petit paquet de la part de 6Gone. 5 adultes à bord et deux fillettes Violette et Lilas. Un joli moment de détente à bavarder sur nos découvertes et nos projets. A bientôt Lotus.

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